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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Voici le grand silence et la neige du soir !
Exemple typique d’un auteur un peu oublié qui ne devrait pas l’être, le belge Emile Verhaeren voit ici rassemblés dans ce beau volume trois recueils des plus sombres : Les Soirs (1887), Les Débâcles (1888) et Les Flambeaux noirs (1890).
L’hiver, les chênes lourds et vieux, les chênes tors,
Geignant sous la tempête et projetant leurs branches
Comme de grands bras fous qui veulent fuir leurs corps,
Mais que tragiquement la chair retient aux hanches
Cette poésie, entre romantisme pessimiste et symbolisme, est sombre donc, mais aussi souvent fluide et vive, jouant sans complexe au vers libre tout en maintenant des rimes impeccables, et flatte sans cesse les immensités nocturnes, montre aussi des facettes torturées ou explicites, Dialogue est un bon exemple ainsi que Le Meurtre :
Et puis un râle, à peine ouï par les taillis
Et de la gorge ouverte et tordue et tragique,
Un sang superbe et rouge, en légers gargouillis,
Coule, comme un ruisseau de corail parmi l’herbe
Et du torse troué, s’épand sur le sol noir.
La voix assassinée éclate en bouche acerbe.
Et les regards derniers fixent comme un espoir
Quelque chose, là-bas, qui serait la justice.
Verhaeren se dirigera avec le temps vers les théories sociales et politiques de son temps, et le ton change en ce sens sur le dernier recueil, Les Villes s’attaque à la description pré-futuriste des usines, de la crasse et du bruit où le discours contre l’aliénation générale se radicalise…
La haine du monde est dans l’air
Et des poings pour saisir l’éclair
Sont tendus vers les nuées
214 pages
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