Délivrez-nous du mal de Frédéric Dard (Editions Fleuve Noir - 1956 Réédition 1976)

« Je prête l'oreille désespérément afin de capter certains de ces bruits familiers qui montent des profondeurs de la ville et qui me donnent l'assurance qu’autre part la vie continue… »

Mais les seuls bruits que les deux détenus du couloir de la mort entendent sont sinistres à glacer le sang… Pour qui construit-on la « bascule à charlot » ? Le voyou Ferrari qui a buté un flic pense c'est pour lui, son voisin de cellule, le riche bourgeois Blondoit, ne peut s'empêcher de croire pour sa part que c'est son exécution que l’on prépare…

« Les hommes sont ainsi : leur amour avance toujours sur une vitesse qu'ils croient acquise. Ils ignorent que la frénésie des premiers moments d'ivresse n’est qu’un seuil… La porte franchie, il faut continuer d'avancer dans le sentier pas toujours fleuri de l’amour… » Et crac, il surprend sa femme adorée avec un amant et décide froidement d’échafauder un plan de vengeance : il dépose une lettre anonyme dans sa propre boîte, un chantage qui secoue visiblement sa femme (« Une bombe venait d’éclater, sans bruit, dans la vie de Gloria. ») et mène désormais un jeu du chat et de la souris machiavélique, implacable. Mais au fond, l’être trahi ne souffrira-t-il pas plus que celui qu'il veut punir ?

Frédéric Dard, patron du roman noir, entrecoupe de faits passés une terrible tension qui s’est installée en prison, entre les quatre petits murs d’une cellule, les réflexions sur la peine de mort, le couloir de la mort et les âmes torturées de ses hôtes injectent plus profond encore une grande noirceur ainsi qu’une sacrée dose de sadisme tant la vengeance d’un blessé au plus profond de son être peut se montrer terrifiante. Et en attendant la désignation du futur raccourci, « Elle veille l'humanité… Elle prépare son couteau, comme un boucher affûte les siens avant le jour, pour débiter les animaux morts. »

217 pages
ISBN : 226500118X