On n’en meurt pas de Frédéric Dard (Presses Pocket - 1956 Réédition 1988)

Comme pour Délivrez-nous du mal, un décompte entrecoupe le récit jusqu'à sa fin inéluctable…

Le boxeur Bob Trajo rencontre sa femme Cathy dans des circonstances heureuses puisqu’il se trouve que c'était elle qui allait en faire quelqu'un d'un peu plus fin car son entraîneur lui avait fait comprendre qu'avec le succès venait la fréquentation de gens plus lettrés et qu'il fallait qu'il soit armé pour ça, avec des tas de trucs « qui ne vous servent pas à grand chose dans la vie, mais qu'on a l'air bête de ne pas connaître. » Et c'est vrai qu'au début, au temps des victoires, ses connaissances font leur effet quand l'ascenseur social veut bien fonctionner un poil. Une fois la gloire un peu passée, elles ne servent pas à grand chose quand les bristols d'invitation ne se précipitent plus dans la boîte aux lettres. Même résigné au final, le fait qu'on le déclare battu d'avance face à celui à qui il a tout appris, et que celui-ci ne cache pas qu'il pense la même chose, tout ça agace sérieusement Bob. La déconfiture, « on n'en meurt pas » !? À d'autres ! Les dés ne seront pas pipés, le combat aura lieu à la loyale ! Et tant pis si l'élève dépasse le maître comme beaucoup le croient déjà ! Une idée risquée pour celui qui veut montrer qu'il n'est pas encore fini. Pourtant au fond il sait. Et quand des amis se mettent à lui avouer qu’eux aussi, l'orgueil le supportera-t-il ?

Un bouquin dédié à l’immense acteur Robert Dalban, une de nos idoles de toujours, voilà une entrée en matière qui motive ! Et malgré le fait que le sport nous indiffère complètement, on apprécie vraiment les descriptions saisissantes des combats et du milieu de la boxe qui ne peuvent venir que d’un amateur de la discipline : des coups de poings dans la « boîte à ragoût », des uppercuts, des crochets, mais aussi de l'amour, de l'amitié, de la jalousie et tous les drames qui vont avec, dont un meurtre. Comment Frédéric Dard, un type qui écrivait autant, a-t-il pu aligner autant de chouettes romans ?! Par contre cher Frédéric, une phrase nous a quand même fait mal aux tripes : « Cathy s'est mise à aimer la boxe. Qui ne l'aimerait, du reste ! Ça et la corrida, voilà les ultime vestiges de la grandeur. » Une belle connerie en vérité car si les hommes aiment se taper dessus (ça évite après tout qu'on le fasse soi-même), ils devraient avoir une autre notion du courage que celle de glorifier un acte de violence à l'encontre d'un animal qui n'entend pas grand-chose à l’égo, au piédestal, à la gloire, à toutes ces conneries. Sans rancune, mais c’est vraiment pour la liberté d’expression hein, ou « chacun ses goûts » et toutes ces fadaises.

188 pages

ISBN : 2266021648