White trash de John King (Au Diable Vauvert - 2014)

[Publié à l'origine dans C Le Mag N° 122]

« Les détracteurs peuvent bien dire ce qu'ils veulent du système de santé publique, mais il fonctionne. Contre toute attente. C'est de l'équilibrisme, bien entendu, et il est grand temps de repenser le système, mais pour le moment l'État s’en tire ». Mais n’oubliez quand même pas, chers technocrates, que c’est surtout grâce à des personnes comme Ruby que cela fonctionne, elle déborde d'énergie dans une vie d’aide-soignante pas forcément toujours facile, elle voit défiler des vies en suspens ou en sursit, s’attache même parfois et ça peut faire mal à son petit cœur, mais elle tente de positiver au maximum, même que des fois on fait des rencontres agréables et puis après tout on a ce que l’on mérite, soigner, cajoler, rassurer les gens que l’on revoit plus tard vous offrir un sourire tout bête, ou même le droit de doubler toute une file d'attente, merci Terry. « Faute d'hommes instruits prêts à faire des sacrifices, toute la civilisation tomberait en ruine », voilà ce que pense monsieur Jeffreys qui est un cadre supérieur, ni plus ni moins, pour qui seuls les chiffres et les résultats comptent, élitiste et psycho-rigide sur les bords, le « dégraisseur de mammouth » comme l’aurait rêvé le père Allègre, personnalité agacée (et agaçante) que John King dépeint à travers ses pensées calculatrices d’une manière singulièrement féroce, sa façon de concevoir la planète et ses semblables par exemple: « un monde sordide insensé et sans aucune volonté de changer, peuplé de gens insipides qui tournent en rond, trop bêtes pour comprendre la futilité de leurs vies ». Le clash qui va avoir lieu promet de sérieuses étincelles, mis en scène par un auteur malin et goguenard. Très bonne surprise.

375 pages, 22 €

ISBN: 9782846268028

© GED Ω - 05/05 2015