Pour une première prod’, l’asso Screaminal se paie une affiche 100% inoxydable :
Pat Kebra accompagné ce soir par THE ASCENDANTS et BORDERLINE. Vous n’étiez pas au courant ? Vous mentez. Vous n’y étiez pas ? C’est normal vous n’étiez pas invités.
Tout d’abord un tour pathétique sur la Comédie du Livre, autrefois manifestation mettant en valeur le livre et les auteurs, aujourd’hui célébrant la caisse enregistreuse qui deale les dédicaces comme des bonus tracks de la loose. Les éditeurs locaux restent entre eux, les torchons ne côtoient toujours pas les serviettes, les nombreuses stars serrées comme de bien tristes sardines s’adressent à des collectionneurs de pattes de mouches qui ne lisent que les couvertures. La flamme incroyablement puissante qui se manifeste à chaque page tournée n’est manifestement pas à chercher là, Ged, visiblement atteint du syndrome Alain Delon, n’aime pas les supermarchés ni ses clients, fuyons donc droit vers la jungle sonique dont les habitants méritent, eux, une visite même après des embouteillages d’une heure (ras le cul des bouchons diraient les sauvages FUCK FACTS).
L’ami Fred ?! est chaud, Mike, Pat Kebra et tous les autres (ils sont au moins vingt-quatre) sont chauds, une pinte et arrivent les jeunots de THE ASCENDANTS, chouette duo gratte / chant + batterie qui jette au visage du public un répertoire dont, ne nous cachons point derrière de superbes figures de style surannées, une bonne partie rappelle MOTÖRHEAD. Mais pas le MOTÖRHEAD metal d’aujourd’hui qui met soi-disant tout le monde d’accord ces dernières années alors qu’on crachait sur ce groupe en 1990, et qu’aujourd’hui opportunément Alzheimer appelle icone. Non, on parle du MOTÖRHEAD qui détenait un secret toujours dissimulé quelque part sous les grumeaux de l’ami Lem’ : le groove de Lucifer, souvent ourdi par sa basse immortelle sur un rythme qui rappelle un bateau pirate voguant sur des flots houleux, gardant malgré tout sa route droite comme ce que vous voulez, pas envie de dire un I. Oups, trop tard. Si un peu plus de toms ou carrément une double pédale aurait sûrement pimenté comme de juste une sauce déjà bien relevée, on retiendra le nom de ce petit groupe rock’n’roll à l’inverse de dizaines d’autres dont les membres pourraient être les grand-pères.
BORDERLINE joue apparemment depuis une éternité dans les environs de Montpellier, ce sera quand même une première pour mézigue si on a le droit d’en placer une ventrebleu ! Un merveilleux trio pour les yeux : Rickenbacker / Gibson / Fender accompagné d’un bûcheron fin et énergique. Au niveau sonore c’est presque un miracle, ce groupe est sûrement celui qui sonne le plus punk (lire, andouille, STOOGES, RAMONES, PISTOLS, mais aussi d’autres grâce notamment à une merveilleuse basse new-wave à la JOY DIV’ et une voix parfois très PIXIES) de tous ceux vus dans le coin depuis des lustres, voire même des reverbères !!! Ici on parle mélodies accrocheuses, riffs tranchants et feeling, le tout métronomé par une section rythmique atomique. On ne saurait trop conseiller, même si apparemment ce n’est pas trop le moment, au groupe d’enregistrer au plus vite quelques-unes de ses compos et de les livrer au plus vite aussi gravés maison sur un dix pouces, nous laissons en vrai démocrate le choix de la couleur de la cire, sympatoche non ?
Pat Kebra est un type ahurissant d’énergie, une fois la gratte empoignée, la machine est lancée et rien ne l’arrêtera plus jusqu’à la fin du set qui passe vite, vite, vite, malgré presque une heure et demie au compteur si les neurones veulent bien jouer à 1 + 1. L’idée du trio est toujours le top quand on se jette dans le magma rock’n’roll, l’attaque en est plus précise et en même temps plus puissante et l’interprétation des nombreux morceaux du dernier (excellent) album de Pat (en vrac et entre autres Une distance,Mon coeur a dit, Héros, Face à face, tous taillés pour la scène !) ou d’une paire d’inévitables classiques d’OBERKAMPF (ArghMaximum !) se révèle sans faille, les gonzes se permettant de longues jams limite psyché ponctuées par les sourires / grimaces du maître de cérémonie. Couleurs sur Paris met fin au concert, permettant à un certain Mike de venir beugler sur scène avec Pat Kebra pour une conclusion bien festive à une soirée que l’on craignait de voir finir en partie de boules, au vu de l’incroyable nombre de gens présents. Une phrase, sûrement à propos des éternels absents, dit : le silence leur va si bien...
Spéciale Ged-y-casse aux FUCK FACTS organisateurs même pas peur, à Fred ?! qui connait des gens dotés de drôles de stylos noirs et aux deux autres chevelus (cherchez le troisième contre le pilier) qui y auront laissé une énième note à l’ostéo. On se voit, définitivement, à WUNDERBACH le 11 juin.
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