Chroniques concerts
05
Sep
2021
street punk rock oi! France concert thrashcore

On avait passé une trop bonne soirée au précédent D.T.C. 1 pour ne pas honorer le troisième d’une visite malgré les avanies physiques.

Et v’là qu’en plus les comparses Thierry et Mathieu (25 kilos forever !) sont l’équipage du vaisseau, tout s’annonce, et l’affiche le hurle déjà, chargé en joyeusetés. Pas besoin de jouer le suspense, on a passé une putain de bonne soirée, vu les copains devenus depuis deux ans des fantômes quand des méthodes crypto-fascistes ont enfermé la plupart dans la solitude. Sauf que, comme chez Nawakulture qui ne prend JAMAIS de vacances, cette solitude a fait pousser les ailes de la création, la plupart des groupes ont pu bosser leur set, enregistrer de nouveaux morceaux, parfois changer de line-up, voire mettre fin à leurs activités quand le cœur n’y était plus pour renaître sous d’autres formes. L’essentiel est que les Productions du Chat Noir ont convié à la fiesta un barillet complet de groupes presque tous parmi nos meilleurs souvenirs récents de l’éventail punk, peu importe les terminologies si chères à ceux qui aiment diviser pour - croire - mieux régner. Canne, genouillère, appareil photo, bloc-notes, tout y est, reprenons donc, bande de cuistres, les choses dans l’ordre, pour employer un mot qui semble obséder nos chers gouvernants…

Tout d’abord, voir débarouler les over-sétois S.J.U 34 (They are the jouteurs, SÈTE JOUTES ULTRAS, long time no see depuis cette bonne vieille date avec LES RATS à Narbonne !) avec ses costumes rigolos et ses voix rauques beaucoup moins, c’est un peu comme faire sonner les BÉRURIER tout court dans la sono d’un MINISTRY qui aurait décidé de faire rimer variétés françoises et mythologie cettoise, reprises universelles et fanatisme de la tielle, tout ça passant tout bien fin dans un broyeur de qualité. Ce soir, la prestation est très courte, c’est bien dommage, mais on est bien content de cette caution locale et dument masquée d'un début de soirée marqué par les retrouvailles d'avec plein de vrais copains, on n'y croyait plus (aux retrouvailles, hein). Et cette oi! (Sète Oi!) a tout d’une zézette de qualité quand elle passe à l’attaque pour l’apéro avec boîte à rythme à l’ancienne, chœurs de gradins, guitares et basse abrasives. Et puis franchement, comment résister aux paroles du toujours hilarant Weekend à Sète ?! Sinon, « Les pavois, les lances ont parlé, la foule a crié » : à quand un petit disque en dur à se faire péter ?

Sont-ce ensuite les antiques BAD TASTE d’Agde (ou des environs) ressuscités qui prennent la scène d’assaut ou nos souvenirs nous jouent-ils encore des tours (des trous ?), rapport à toutes ses substances sur ordonnances qui tuent votre non-serviteur à petit feu ? Le trio dirige en tout cas le feu vers un punk rock'n'roll à la fois garage et grungy, et contrairement à ce que l’on pouvait croire au départ, c'est le riff bien gras qui l'emporte sur la mélodie annoncée un peu rapidement par l'affiche - superbe au passage, monsieur Mondine - du concert. Cool, on a toujours préféré les bûcherons aux joueurs de mandoline, et le trio fait du bruit de qualité, comme les américains pré-Nineties. avec parfois des touches que l’on situerait, dans un moment de dinguerie habituelle, entre LES THUGS, RANCID, BURNING HEADS et TITO & TARENTULA. Si le set s’avère un poil long tout de même au bout d’un moment, surtout par rapport au précédent, il plaît et c’est l’essentiel : pourvu qu’il y en ait pour tous les goûts, que les noctambules reprennent goût à la route et que les enceintes se remettent à vibrer bien fort !

Les ANARCOOLIKS sont dans la place, ne tardent pas à grimper sur les planches, plus hautes que celles du Jobar'Fest, à deux pas de la mer, et est-ce l’iode ou le muscat du coin, en tout cas les quatre bonshommes (dont au moins un nouveau non ?) sont déchaînés, leur hardcore punk hargneux, bordélique et drôle tape dans le mille, même avec des ska épileptiques à la RED WINGS MOSQUITO STINGS, THC ou JABUL GORBA. Les gars ont fait beaucoup de progrès, on sent qu’ils ont bien ou beaucoup répété, en particulier les chœurs vraiment mortels mais aussi les mélodies bien choisies et entêtantes qui devraient pousser le groupe toujours plus haut vers une reconnaissance dont il se fout sûrement complètement, mais nous aussi on s'en fout, c’est comme ça qu'ça s'pass’, on sent quand un palier est sur le point d’être franchi. On n'a toujours pas écouté sur disque mais death-y-dément faut qu’on s’y mette, juste par curiosité puisque le live biaise un peu eul répertoire à grands coups de volume façon décollage de bimoteur rouillé. S’ils passent pas loin de chez vous, vous devriez aller les voir, sortez bordel !

Dans la série des ceusses qu’il faut ABSOLUMENT aller voir, KAPØ BLÖD n'a pas beaucoup de morceaux mais va livrer une des prestations les plus impressionnantes de la soirée avec son punk oi! plus sombre et plus tendu que chez les précédents, tout ça sans perdre une seconde le plaisir de partager avec un public franchement sous le charme, et il y a de quoi, notre chronique de l'album suffira à dire l’étrange affection que l'on éprouve pour ces bordelais dignes successeurs d’un CAMERA SILENS première époque, la classe totale, un grand en devenir à surveiller de près tant la violence, la mélancolie et cette sensation d’être unis comme dans un poing fait toute la différence avec des musicien(ne)s qui ne jouent pas simplement par plaisir d’exhibitionnisme creux ou pour se la jouer donneur de leçons quand on n'est pas foutu d’aligner trois mots. Chez KAPØ BLÖD, les cris, les mots, les battements forment un tout qui colle la chair de poule, il y a du vécu : de la passion, des drames, des rigolades, une attitude qui force le respect, et des morceaux qui méritent les louanges. On est vraiment pressé d’écouter la suite de la discographie.

Les copains de B. M. B viennent de sortir un putain de bon vinyle, barrage de la scène obligatoire pour juger de l'efficacité d'icelui en public, mais on ne s’inquiétait pas une seconde pour le mazamethrashcore crossover della morte ! Ces types sont tout simplement bienveillants malgré la sauvagerie de leurs compositions (de plus en plus affûtées, sur disque comme sur les planches), le dialogue avec le public est constant, les mosheurs, pogotteurs, spectateurs, glandeurs, tout le monde en prend une bonne rasade même si l’ensemble sonne beaucoup plus métallique que tous leurs camarades keupons, ils rappellent en cela ARRACH qui sait aussi s’insérer sans hors-sujet dans tous les plans punk de la galaxie, un groupe comme on aimerait d’ailleurs beaucoup revoir par chez nous si on peut se permettre une petite parenthèse. La démonstration technique des BLACK MOUNTAIN BASTARDS se conjugue avec une vraie fiesta sur scène où tout le monde y va à fond et si quelques rouages sont encore à huiler, on ne donne pas cher de la peau de ceux avec qui ils partageront bientôt l’affiche : une vraie putain de castagne jouissive.

Dernier coup de marteau sur l’enclume, DEAD MARRIED ou le couple le plus rock’n’roll de la planète qui avec son « Primitive Punk » retourne aux sources de la musique du Diable, la revêt d’oripeaux horrifiques comme Screamin' Jay Hawkins and Co. s’amusaient déjà à le faire, et face à face comme dans une séance d’auto-hypnose hell-ectrique, entament un match de ping-pong guitare / batterie, Madame et Monsieur se partageant ensuite cris, mélopées et autres feulements. Mariés à mort dans leur jeu de duettistes, Delphine et Charly ne se risquent pas à la bluette nuptiale mais errent dans les confluences d’un bayou peuplé de gens étranges, entre la vie et la mort certes, mais animés par le rythme luciférien d’une percussion hors d’âge, quand les tambours remplaçaient encore les courriers numériques, quand la danse était une déclaration d’amour au mouvement, au défouloir, à la volonté de sortir du tic-tac de la pendule sociale et de foncer droit vers la transe. On se demandait au départ si DEAD MARRIED en dernier n’était pas une étrange idée… Que nenni, ils peuplèrent la Nuit de leurs propres zombies, certes aidés par quelques litrons.

On the road again !

Galerie de photos : https://www.nawakulture.fr/photos-concerts

Vidéos : https://www.youtube.com/c/GedDudumoshingcamdici

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