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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : le livre qui tue
Scénar : il se passe de drôles de choses en 1327 au sein d'une abbaye bénédictine du nord de l'Italie… C’est pour rejoindre ce lieu étrange et gelé que cheminent à travers les neiges Guillaume de Baskerville et le novice Adso. Baskerville est un formidable observateur, un peu trop au goût des résidents, plutôt adeptes de l'obscurantisme ambiant. Ils soupçonnent le Diable bien sûr (et Adso ne tarde pas à être contaminé) mais Baskerville renifle quelque chose de plus mauvais encore, d'humain, derrière un corps retrouvé dans des circonstances étranges. L'abbé lui demande conseil avant l'arrivée imminente de la délégation papale sous peine d’être contrait d’en appeler à l'inquisition de Bernard Gui l'impitoyable dresseur de bûcher, qui plus est dominicain quand les franciscains, également de passage, vivent dans la crainte d'une accusation d'hérésie à cause de leur souhait de voir l’Église s'appauvrir afin de mieux coller à l'attitude supposée de Jésus… Une doctrine qui n'arrange pas tout le monde bien sûr (demandez aux dolciniens), la papauté aimant à constamment briller « comme un miroir de bordel ».
L’alors universitaire Umberto Eco écrit ce roman presque pour s’amuser en 1982, tranquille, et boum c’est le carton commercial (il s’en vendra trente millions d'exemplaires au final !) entraînant dans son sillage cette adaptation à laquelle il ne se mêlera que de loin. L’histoire de ce moine enquêteur entre le grand Sherlock (Baskerville, c’est bien vu) et Hercule Poirot pour ses méthodes d'investigation (les empreintes, entre autres) trouve un interprète parfais en l’immense Sean Connery qui sort du costume de Ramirez, chevalier quas’immortel, pour sauter dans une soutane franciscaine. Autour de lui les excellents acteurs pullulent, de Michael Lonsdale à Christian Bale (à seize ans max, il assure déjà sacrément) en passant par des faciès pour le moins particuliers, mention spéciale au toujours formidable Ron Perlman, presque méconnaissable en bossu quasimaldien (ouais, on néologise toujours à tout va chez NK) polyglotte et postillonnant.
Passionné d'histoire médiévale, de grec et de vieilles pierres, Jean-Jacques Annaud, alors qu'il bosse déjà sur L’Ours 1, se procure Le Nom de la rose à l'état d’épreuves et s’enthousiasme. Son film, fruit de cinq années de travail auprès de spécialistes du Moyen-Âge dans tous les domaines, de batailles pour le financer et après pas moins de dix-sept scénarios successifs, est un chef-d'œuvre de suspense et de reconstitution splendide et audacieuse (le génial décor de la bibliothèque inspirera par exemple de nombreuses œuvres ultérieures), un vrai thriller à la médiévale dans une ambiance sombrissime mais aussi des paysages sublimes. Baskerville y poursuit les indices et les relie tandis que le novice perd ses moyens devant les complexités d’une religion qui fait des zélotes des solitaires de force. Mais, quand le rire, né à l'époque de La Guerre du feu, se voit ici proscrit au même titre que la démocratisation du savoir par les obscurantistes de service, qui a dit que l'amour ne pouvait pas naître en les murs d'une abbaye ?
Bonus : dans cette jolie édition en coffret carton à l’impression gaufrée rouge métallique sur noir, on trouve la bande-annonce originale, L’Abbaye du crime (documentaire, 43’) et, sur un second disque, un autre documentaire de 104 minutes en deux parties : « Le Nom de la rose : la genèse » et « Les Clés du labyrinthe » + une interview de Jean-Jacques Annaud (16').
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