Chroniques concerts
11
Oct
2021

Il est assez incroyable de voir le temps qui passe dans cette malheureuse période où plus grand monde ne bouge,

où les fossés se creusent because des différences d’opinion de troisième zone, au point que ces divisions se transforment en soustractions, c'est-à-dire en gros que le public a pris l'habitude de rester au chaud dans ses charentaises, le cul sur son canapé à regarder n'importe quoi à la télévision ou à s’informer (entouré d’une belle paire de guillemets de béton armé) sur des réseaux toujours plus peuplés de cons et de je-veux-être à bouche de vieille. Et pendant ce temps-là, le rock tente de ne pas crever sur pied.

Pour rappel et sans faire dans la flagornerie typiquement journalistique, Tout à Fond n'a jamais arrêté ses activités et nous nous sommes rendu à la Secret Place tant que nous avons pu mais il semblerait que ce soit la première fois que nous passions autant de temps sans aller y faire un tour depuis quinze piges. Alors à l’arrivée du message magique proposant d’aller assister à un concert dans les murs de ce que l’on considère comme la maison, le sang n'a fait qu'un tour : triple oui, triple oi!, d'autant que deux des groupes nous avaient déjà bien régalé il y a quelques années 1 (putain que le temps passe vite, avec ou sans virus) et que le troisième venait de nous botter le cul avec un album tonitruant 2. Death-y-dément, les planètes étaient alignées pour une sortie d'anthologie, dont seules la fin et ses lendemains douloureux ne resteront pas dans les annales.

 

LES PHACOS ont déjà commencé quand nous arrivons sur les chats roux de peau mais pas de surprise, les joyeux drilles (et vétérans ex-CADAVRES, PARABELLUM, SOURIS DÉGLINGUÉE entre autres), perpétuent toujours à leur manière la tradition du punk oi! à la française avec une sélection de classiques du genre (en gros Apocalypse / Chaos en France à fond les ballons + quelques autres tubes underground) que les amateurs chantent à tue-tête quand Gégé a le gosier trop desséché pour menacer le micro en compagnie d’une choriste ultra-motivée. Plus qu’une prestation musicale, le numéro-hommage des parisiens est inchangé depuis la dernière fois, et si c’est vrai que vocalement on frise parfois la boucherie, le joyeux bordel de l’ « entreprise » est toujours poilant, et si on ne comprend pas forcément toujours notre propre langue, on se marre un minimum.

 

On a donc été soufflé il y a peu par le dernier disque des KING PHANTOM from Paris, et on doit bien avouer qu’ils constituaient forcément le principal attrait pour nous qui avions déjà vu les camarades d’affiche au moins une fois. Et nous n’avons pas été déçu par un répertoire punk rock à la fois abrasif, mélodique et rentre-dedans, faisant mouche la plupart du temps avec son bois vert qu’il envoie en courtes volées-brûlots. La tenue de scène tendue du guitariste-chanteur Johnny Rival et l’attitude résolument rock’n’roll du reste de la formation apportent un contraste tout à fait agréable, on est en plein heavy rock punk que les fans de stoner, de punk à l’ancienne, de garage ou de noisy rock se feraient plaisir d'écouter par exemple sur Bandcamp, ou encore mieux sur vinyle (Mass Prods est dans la place !) pour avoir en plus gros la superbe pochette de Denis Grrr.

WARRIOR KIDS (né en 1982), trio marseillais insubmersible depuis sa résurrection au début des années 2000, a la charge de conclure la soirée et offre une chouette sélection de titres de nombre de ses albums que l’on rapprochera des groupes qui faisaient se rencontrer rock’n’roll chantant, rythmiques reggae et punk plus agressif caractérisé par des textes entre tentatives d’espoir, tranches de vie et rébellion (Mettons CLASH, STIFF LITTLE FINGERS and Co.). Bien sûr si les antiques hymnes des premières années touchent la corde sensible des vieux routiers, le répertoire plus récent du groupe n’a pas désarmé et reste percutant, de la sueur et du gros son ça change des donneurs de leçons, on cause ici de partage, de bon moment, et tous les copains qui sont là ne se sont pour certains pas croisés depuis un paquet de mois, des siècles pour des gens de notre âge semi-canonique.

Spéciale Ged-y-casse à Anna et Bougli (et bon anniv' frangin, encore !) pour le sauvetage de dernière minute (et les chansons, et les chats !), à Fyfy pour sa constance quand beaucoup baissent les bras, à Jos pour sa générosité et à la poignée d’activistes toujours dans les bons coups (le cordon de sécurité le plus attachant du monde, par exemple). Merci à Marseille pour son soutien à la TAF que beaucoup de montpelliérains semblent avoir oubliée, c’est un peu la honte quand on voit d’où venaient la plupart des présents. Vivement la prochaine bacchanale, on the road again !

1 voir Weekend sauvage #9 - jour 2 : WUNDERBACH [Fra] + R. A. S. [Fra] + WARRIOR KIDS [Fra] + KIDNAP [Fra] + LES PHACOS [Fra] à Saint-Jean-de-Védas, Secret Place le 10/12/16 et Weekend sauvage #10 - jour 2 : LA SOURIS DÉGLINGUÉE [Fra] + SHAM 69 - Tim V [Uk] + CHARGE 69 [Fra] + WARRIOR KIDS [Fra] à Saint-Jean-de-Védas, Secret Place le 09/12/17.

2 voir KING PHANTOM [Fra] True sign of madness (Perkins Recs / Frog Manchu Recs / Mass Prods / Warrior Pillow Recs - 2020).

Galerie de photos : https://www.nawakulture.fr/photos-concerts

Vidéos : https://www.youtube.com/c/GedDudumoshingcamdici

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