Chroniques CD
11
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Ce n'est pas si souvent qu'un groupe s'adresse à son public quand celui-ci s'apprête à mettre un album sur la platine,

c'est pourtant l'attitude choisie par URIAH HEEP lors de la sortie de son second album 1 en février 1971 ; Ken Hensley, qui est entre-temps devenu un des piliers compositeurs du groupe, présente ainsi chaque morceau, les conditions dans lesquelles chacun a été enregistré et ce qui se cache derrière, ce qui ne manque pas d'intérêt quand on veut en savoir plus, et toujours plus encore. Dans le livret de cette réédition de 2004 s'ajoutent aussi les réactions et souvenirs du même Ken Hensley, de Mick Box et Paul Newton.

Aussi surprenant que cela puisse paraître à la vue de la guerrière couverture (pas choisie par le groupe mais par le label, elle se verra d'ailleurs, comme la précédente, changée pour une plus moche encore pour le marché américain qui l'a trouvé trop violente, le machin rougeâtre ci-dessous…), le contenu de l'album est bien plus ambitieux que le simple fait de continuer sur le chemin battu par le premier album, à savoir une métallisation du heavy blues psychédélique dans le vent de l’époque. Avec Salisbury, le groupe se permet un joli lot d’expérimentations progressives et n’a cure de ce qu’en diront certains journalistes qui ne l'ont pas raté l'année précédente.

Le titre Salisbury est d’abord là, anecdote belle comme tout, pour honorer un public, celui de la ville du même nom au sud de l'Angleterre où le groupe, à peine la dernière note jouée se fit un soir couper l'électricité et donner dix minutes pour déguerpir. Les musiciens avaient alors reçu l'aide disciplinée de l'auditoire sans que quoi que ce soit ne dégénère, beau geste qui de nos jours tiendrait de la science-fiction, en particulier au vu du prix prohibitif des places (quand les concerts étaient encore permis dans la prison France).

La composition-titre et ses seize minutes laisse baba dans tous les sens du terme (cette orchestration, ces ajouts d’instruments à vent ou de bois offrent un putain de bel écrin au chant d'un David Byron en état de grâce), l'album contient aussi un très chouette tube à la mélodie et aux chœurs entêtants, Lady in black, mais aussi de solides morceaux (Birds of prey, Time to live ou High priestess, chantée par Ken Hensley, tout comme Lady in black d'ailleurs…) prouvant à tous les qualités de compositeurs des musiciens d'un groupe hors norme. Et ce n'était encore que le début d'une histoire qui durera jusqu'à nos jours.

En attendant, après avoir vu pas moins de trois batteurs participer aux sessions du premier album, Keith Baker, batteur de celui-ci, quitte URIAH HEEP juste après sa sortie et laisse sa place à Iain Clark avec qui le groupe partira jouer en Allemagne puis pour la première fois tourner aux États-Unis avec STEPPENWOLF entre autres pour tête d’affiche.

1 voir URIAH HEEP [Uk] …very 'eavy, …very 'umble (Sanctuary Recs / BMG - 1970 Réédition 2016).

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