Chroniques CD
10
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Au jeu des comparaisons, on peut s’amuser pour une fois, à y aller côté couverture.

Si le troisième LED ZEPPELIN joue au collage pop-art de hippie, le génialissime premier album de BLACK SABBATH l’énigmatique sombre, In rock de DEEP PURPLE une certaine mégalomanie, UFO le mystère spatial, HAWKWIND le perchage reptilien, URIAH HEEP est sûrement le groupe qui symbolise le plus, visuellement du moins, ce que l’on ne tardera pas à hurler heavy metal, hard rock progressif, heavy blues, avec cette tronche bouche bée savamment passée à la toile d’araignée directement chouravée sur un plateau de Roger Corman, Mario Bava ou Terence Fisher (heavy-demment rejetée par les américains qui eurent droit une pochette différente, mais pas moins effrayante, voir tout en bas…), à moins qu’éternuer face à une barbe à papa n’eut été l’amusement à la mode en cette fabuleuse année 1970 ?

Cessons de faire les idiots cinq minutes et revenons au groupe londonien qui apparaît avec cet excellent premier album mêlant avec bonheur hard rock option PURPLE (le très, très costaud Gypsy, Dreamare, Real turned on, I’ll keep on trying…), arrangements progressifs (Walking in your shadow, Wake up…), blues à la britannique (Lucy blues), touches folk, post-psychédéliques et soul (Come away Melinda, reprise d’un morceau popularisé par Harry Belafonte). Pas forcément très aguerri pour aborder le studio, le groupe n’est pourtant pas formé de débutants : le chanteur David Byron et le guitariste Mick Box se faisaient depuis le milieu des années 1960 la main sur des reprises, croisant à l’occase le pianiste Reginald Dwight, futur Elton John, avant de former le groupe SPICE qui à l’arrivée de l’organiste Ken Hensley (qui avait déjà joué avec le bassiste Paul Newton dans la pépinière THE GODS), change de nom. URIAH HEEP tirera alors opportunément son nom de celui du sagouin de service de David Copperfield, illustre roman de Charles Dickens dont on commémorait en Angleterre le centenaire de la mort en 1970.

Cette réédition de 2016 a de la gueule avec ce double superbe digipak contenant le disque remasterisé et un autre composé d’enregistrements de la même époque (de SPICE sans Hensley aux différentes sessions de la formation à géométrie variable - dont trois batteurs et… un fantôme ! - évoluant sur le disque), pas moins de douze titres permettant de s’immerger encore plus profondément dans l’univers d’un groupe mythique, souvent, dramatiquement, oublié quand il s’agit de lister les pionniers du rayon hardos made in Albion. Un livret permettra de s’instruire et de pouvoir jeter un œil à tout un tas de pochettes, affiches et flyers d’époque, c’est-y pas beau les archivistes ? Merci, encore, toujours, aux passionnés. Particulièrement à Warren D. Eady [R. I. P., pareil pour David Byron, Ken Hensley et Gerry Bron, créateur de Bronze Records mais aussi grand soutien du groupe pendant des lustres].

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