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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : drame
Scénar : franchement communiste très mal vue par les notables et les commères (ce qui ne l’empêchait pas d’arborer de nombreux et luxueux bijoux), Marie-Louise Boursault annonce le 2 février 1962 à ses enfants qu’elle quitte son mari après douze ans de vie commune. Son mari notaire ne perd pas vraiment la face car il a dû supporter beaucoup de scandales liés à l’engagement politique de sa femme, notamment contre l'Algérie française et l’OAS. C’est par contre lui qui part s’installer dans une autre aile de la demeure, il pourra ainsi voir ses enfants chaque jour. Ceux-ci sont même un jour agressés par des jeunes de droite, la goutte d’eau, car si elle refuse d'être entretenue par Boursault et pense donner des cours particuliers, elle devra, au moins pour ses enfants, cesser de faire de la politique. Des années plus tard, Boursault apprend que sa femme à qui il n’a pas parlé depuis des années, déraille complètement chaque 2 février. Il s’en inquiète mais elle voit dans sa présence un signe de son retour prochain à la maison, alors qu’il a depuis refait sa vie. Ses enfants ne manquent pas de la prendre pour une folle puisque Papa leur certifie qu’il ne fera rien de ce qu’elle croit.
Serge Korber aura vraiment fait tourner du beau monde ! Après un doublé avec Louis De Funès (tiens, tiens, une manifestation contre une certain Roubier…) c’est Annie Girardot, alors star importante du cinéma, qui prend le relai pour également deux films dont Les Feux de la chandeleur est le premier, une adaptation d’un roman du même titre de Catherine Paysan (1966) par le réalisateur en compagnie de Pierre Uytterhoeven, grand complice de Claude Lelouch. On retrouve donc autour d’Annie Girardot, bouleversée et bouleversante, gênante aussi dans les excès de son personnage qui souffre d’un profond sentiment d’abandon (« j'ai l'impression d'être la survivante d'un bateau qui n'en finit pas de faire un naufrage ») une chouette poignée d’acteurs, italiens pour certains, coproduction oblige, et français bien sûr : le plus surprenant étant sûrement Jean Bouise qui sans moustache incarne un curé qui rejoint les grévistes. Sont aussi là l’impeccable Jean Rochefort, tourmenté et touchant, Claude Jade, Bernard Le Coq, Bernard Fresson (c’est là qu’il rencontre pour la première fois Annie Girardot avec qui il entretiendra une longue liaison).
Sur une belle musique de Michel Legrand, nous assistons à un drame orienté débat politique et amour fou. Comment faire le deuil de l’amour de sa vie ? Comment vivre sa vie de femme engagée dans le carcan d’une ville de province ? Est-ce si dingue que de croire au bonheur qui re-pointe le bout de son pif ? On se pose ce genre de questions pendant le visionnage de ce film typiquement post-1968 où les conservateurs et les contestataires se déchirent toujours sans le moindre remors. Les acteurs sont très bons, les décors simples (qu’il a tout de même fallu recouvrir de neige factice, une vrai partie de plaisir !), on regrette juste un peu l’action qui caractérisait les films précédents de Serge Korber, ici le rythme est plus lent, le cadre plus intimiste aussi, on assiste à des discussions très réalistes et aussi passionnées que celles que l’on peut parfois avoir en famille ou avec des amis, les personnages sont tout aussi crédibles même si celui de Girardot aurait vite la peau de tous les nerfs du monde, la cyclothymie est un joli mot mais, parole d’expert, elle n’est pas facile à vivre pour grand monde, et encore moins pour soi-même !
Bonus : notes de production signées Jean Ollé-Laprune, entretien avec Serge Korber et Pierre Uytterhoeven (28’), bandes-annonces de la collection
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