Chroniques Blu-Ray
07
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : l’horreur venue du vieux Froid

Scénar : le recteur a beau avertir les élèves séminaristes sur le point de se barrer en vacances de marcher droit et d’éviter les bêtises, ces jeunes hommes semblent d’indécrottables trublions. Trois d'entre eux se paument sur le chemin. Ils finissent par tomber sur une métairie où on leur accorde l'hospitalité, plutôt de mauvaise grâce, ils devront simplement dormir séparément. Leur vieille hôtesse, en fait une sorcière, tente une danse nuptiale bizarre et parvient à s’emparer d’un des trois, Khoma, comme d'une monture. Le jeune homme, une fois atterri, assomme la femme qui apparaît soudain magnifique ! Plus tard, Khoma est fait mander par le père de la fille, celle-ci finissant par mourir, pour passer trois nuits auprès de la défunte afin de prier pour son âme. Il ne sait pas encore qu’il devra affronter le terrible démon Vij

Sur le scénario de Konstantin Ershov d’après la nouvelle fantastique de Nicolas Gogol, Vij ou le Diable est un cas unique dans le cinéma russe de la guerre froide, il est en effet le seul film d’horreur sorti d’une très longue période, il a pourtant rassemblé des dizaines de millions de spectateurs dans son pays d’origine à sa sortie ! Comme quoi il y avait là un sacré filon à creuser ! Ce film, ici présenté en master 2K restauré, contient tout ce qui fait la spécificité du cinéma fantastique du Bloc de l’Est : évocation des mythologie et superstition slaves, de la sorcellerie et des exorcismes, mais aussi observation du comportement d’un clergé glouton pas très catholique (il y a là une certaine logique) et absence d’un véritable héros en qui trouver de l’espoir, le pauvre ne valant ici pas beaucoup plus que le riche.

En dehors du discours pur et simple, nous avons aussi affaire à un film à la grande beauté plastique, ces sombres espaces brumeux du début (et même avant s’il on prend en compte cette introduction musicale de Karen Khachaturyan, lourde de menaces et glissant insidieusement sur de la toile d'araignée) laissent place à de chouettes décors évoquant la vieille Russie, l’histoire se déroule sur un rythme irréel, dans une ambiance hors du temps et de l'espace et les effets spéciaux, super vintage mais très soignés, d’Alexandre Ptouchko (Le Tour du monde de Sadko, Le Géant de la steppe, Le Conte du tsar Saltan, Rouslan et Ludmila) sont à la fois drôles et virtuoses, un peu de comédie n’est d’ailleurs pas en reste pour diluer l'obscurité et le mystère de cette histoire charmante, si bien retranscrite ici. Un classique à découvrir d’urgence.

Bonus : superbe bande-annonce originale (+ celle, française, du Conte du tsar Saltan sorti dans la même collection), diaporama, générique français et un documentaire (18’) : « De l’écrit aux écrans » par Stéphane Derderian et Christian Lucas. Et bien sûr, pour garder le meilleur pour la fin, un livret extrêmement touffu de soixante-quatre pages rédigé par Nicolas Bonnal : « L’épouvante selon Nicolas Gogol » et encarté dans ce superbe médiabook limité à 1000 exemplaires.

Infos / commande : https://www.artusfilms.com/chefs-d-oeuvre-russes/vij-305

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