Chroniques Blu-Ray
08
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : un caillou noir dans la chaussure de l’humanité

Scénar : et de la nuit totale sort soudain une planète. Sur cette planète c'est encore l'Aube, l’homme n'y est encore qu'une créature insignifiante parmi tant d'autres mais sa volonté de puissance et d'expansion sera le pire fléau de son monde. Est-ce la représentation extraterrestre de la présence d'un dieu, est-ce sa conscience d'être supérieur à ce monde, est-ce le symbole d'une science qui va lui donner la prédominance sur toutes les autres espèces, est-ce tout simplement le destin qui lui tombe en travers de la figure ? Toujours est-il que l'apparition d'un monolithe noir au sein de la tribu crée d'abord la panique, puis l'adoration et, à son image, l'homme se dresse face aux étoiles, d'abord en prenant conscience de son ingéniosité, celle-là même qui parviendra à faire envoyer dans l'espace des vaisseaux comme celui de l'astronaute Bowman en 2001 vers Jupiter. L'ordinateur HAL, visiblement la plus grande intelligence artificielle jamais construite, est interviewé par les journalistes au même titre que les astronautes qui savent qu'ils dépendent potentiellement de lui. Aussi, quand il annonce une panne imminente lui font-ils confiance. Est-ce vraiment la meilleure idée qu’ils aient eue ?


Avec l’aide d’Arthur C. Clarke, auteur entre autres de la nouvelle La Sentinelle qui sert de point de départ, Stanley Kubrick écrit le scénario, produit et réalise une des plus grandes fresques énigmatiques de l’histoire du cinéma, une autre dystopie / réflexion sur les relations de l’homme avec ses propres créations, toujours prêtes à juguler son hégémonie (la bombe atomique visée par Dr. Folamour était déjà très parlante !). La musique de départ emmène déjà très loin, du fin fond de cet écran noir à l'infini (se pourrait-il que ce soit la première vue du monolithe ? En tout cas tout part de là), c'est la première mise à l'épreuve du film qui va durer quasiment trois heures. Et on en profite direct pour rappeler la valeur d’une bande originale extraordinairement sensitive, sûrement le fruit d’une réflexion intense de la part du réalisateur et des concepteurs (Aram Khachaturyan, György Ligeti…), quel géniale idée d'avoir inclu la musique classique (Johann Strauss, Richard Strauss) sur ces images d'espace bluffantes pour un film aussi vieux. Un gigantesque opéra qui se transforme en thriller interstellaire où, en quelques tableaux (dont la photographie est formidable, les paysages renversants, et l’attaque du félin a dû être une sacrée scène à tourner), Kubrick résume un peu à sa façon l'histoire du monde avant de le déplacer à l’époque supposée d’une l’épopée spatiale qui voit les machines contrôler petit à petit l’homme, Icare discount.

 

Relique des soirées où certains champignons et certaines herbes étaient de parfaits accompagnateurs pour n'y rien comprendre, on a beau avoir vu je ne sais combien de fois 2001 : L'Odyssée de l'espace, on redécouvre toujours ce film qui peut être parfois traduit comme un monument bâti par et pour son créateur (le générique est assez révélateur quand l'accent est mis sur la production et la réalisation de Stanley Kubrick Le Grand) mais reste surtout une œuvre où tout dans l'image est si incroyablement parfait qu'on a du mal à croire sa fabrication à une période où les effets spéciaux restaient une aventure blindée de bricolages (mais qui trichait avec une honnêteté touchante que ne permet plus le camouflage numérique). Tout a été pensé, même le mobilier, les effets d'optique et les positionnements de caméras sont ingénieux pour ne pas dire vetigineux ! Du graphique plein les yeux donc, car très peu de dialogue ne vient « déranger » une contemplation à laquelle la lenteur et la longueur du film ajoutent une grande solennité, on avait oublié combien même un entracte surprend avant que la musique de départ ne revienne pour replonger le spectateur dans l'univers glacé d’une anticipation lumineuse d’un à venir écrit, dépassé seulement dans son titre pour tomber sur la gueule des utopistes à six francs cinquante, va donc tourister dans l’espace pendant que ta terre se meurt ! Ecce homo, mis trop tôt debout.

 

Bonus : «  Dans les coulisses d’un mythe  » (2001, 43’), « Sur les épaules de Kubrick : le leg de 2001 » (21’), « Vision d’un passé futur : la prophétie de 2001 » (21’), « 2001, l’Odyssée de l’espace - Un aperçu dans les coulisses de l’avenir  » (1968, 23’), « Qu’y a-t-il au-delà ? » (21’), « 2001 : effets spéciaux et conception graphique » (9’), « Regardez : Stanley Kubrick ! » (3’), bande-annonce originale, tous en VOST sauf l’interview de Stanley Kubrick par Jeremy Bernstein (1966, audio, - 77’ - VO), tout ça emballé dans un superbe coffret noir avec impression rouge métallique : le Blu-ray du film en 4K ultra HD, le Blu-ray classique du film, un Blu-ray de bonus et bien sûr un inutile DVD, on ajoute un petit coffret cartonné contenant un jeu de quatre cartes d'exploitation aux couleurs magnifiques ainsi qu'un livret photo (vingt pages) lui aussi aux couleurs terribles, autant dire qu'on tient là une superbe édition à côté de laquelle les amateurs de Kubrick ne devraient pas passer sans s'arrêter !

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