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Genre : histoire au vitriol
On connaît tous la carrière de réalisateur de fictions de Michel Audiard, un peu moins ce film sorti en salles en son temps mais peu vu.
Au son de l'accordéon musette genre Java bleue et sans viser l’objet politique pur, le réalisateur raconte de son pays une histoire très personnelle et insolente, subie par les Français moyens - tellement pépères par rapport au reste du monde continuellement en lutte - d’abord de façon très rapide jusqu'aux abords de la seconde guerre mondiale, quand soudain les plages seront vidées de leurs « popus » par le pacte germano-soviétique, les « popus » deviendront alors bidasses et partiront pour la guerre.
Ce conflit est quant à lui longuement passé en revue avec un regard des plus corrosif. Marchant sur le sentier de l’anarchisme de droite politiquement incorrect et donc forcément jouissif, le sarcasme et la mauvaise foi dissimulent mal un grand traumatisme laissé chez Audiard par la seconde guerre mondiale dont celui-ci fustige les retournements de veste, moque l’insouciance typiquement française, la propagande crasse, l'hypocrisie du « Vichy n'a jamais existé », les résistants de la vingt-cinquième heure, rappelant en cela les constats du grand Galtier-Boissière 1 ou encore le pamphlet plus tardif de Jean-Louis Faure 2. Suivront l'Indochine, l'Algérie, mai 68 dans cette frise historique qu'on aurait bien voulu voir sur les écrans des écoles si elles avaient voulu se montrer pour une fois non-conformistes.
On a rassemblé ici des archives sacrément chouettes - malgré les bâtons dans les roues posés par l'ORTF à l’époque, Michel Audiard trouvera chez Gaumont et les Anglais les images recherchées, dont celles, rarissimes, d'un De Gaulle qui manque de se ramasser la gueule - commentées par une voix off d'une ironie féroce (Audiard lui-même) et entrecoupées d’inclusions de citations et de chansons toujours fort à propos ainsi que d’illustrations de Siné (qui d’autre ?! Tu nous manques !). On note par ailleurs que les séquences de chutes préfigurent le bêtisier actuel que l’on nous sert à toutes les sauces.
La phrase du film : « Le nouveau sauveur est en marche, écoutez, on entend déjà son pas dans l'escalier », une dernière phrase qui fait doucement sourire après toutes ces années alors que rien n'a vraiment changé… D’ailleurs, on n’a jamais rien entendu de plus vrai que le splendide « Henri II, c'étaient les buffets […], la Vème, c’est la jactance »…
Bonus : introduction à Vive la France par Philippe Durand, biographe de Michel Audiard (3’) et bande-annonce.
1 voir Mon journal pendant l'Occupation de Jean Galtier-Boissière (La Jeune Parque - 1947).
2 voir J'ai vu les mêmes abrutis dénoncer les Juifs, puis tondre les femmes de Jean-Louis Faure (Infolio - 2012).
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