Chroniques DVD
08
Mai
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

serge korbert girardot fresson comédie

Genre : loufoque

Scénar : quelle idée d'avoir appelé le bateau Titanic 2 ? Comme si ça ne suffisait pas du naufrage, voilà que tombe un coup de foudre sur les têtes d’Ursule, membre lieutenant de l'Armée du Salut chantant à tue-tête force psaumes, et de Grelu, accordéoniste sans profession mais pas sans ressources. Les deux qui, c’est malin, ne savent pas nager, se blottissent intimement dans leurs gilets de sauvetage avant de se perdre de vue. Grelu est recueilli sur un bateau à bord duquel le docteur est un vrai nul mais heureusement, il maîtrise les chatouilles ! Grelu, habile conteur, se fait nourrir comme un roi et obtient le confort d'un pacha. Ce qui est loin d'être le cas pour Ursule qui se retrouve sur le canot de sauvetage occupé par celui que la police du Havre surnommait « l'égorgeur de la nouvelle lune », passager clandestin du bateau coulé. Ursule parvient à échapper à la fois à l'homme et aux requins mais pas à la grossesse. Enceinte de Grelu, elle parvient à le rejoindre à Marseille où le couple ne manque pas de se faire remarquer partout par sa façon de vivre la vie au jour le jour. Malheureusement, l’histoire d'amour part vers une voie de garage mais il semble que les deux soient appelés à se revoir encore et encore…

C’est cette fois un roman de Léopold Chauveau qui est adapté pour le cinéma par le réalisateur Serge Korber et Michel Cournot. Encore une fois (après Les Feux de la chandeleur l'année précédente) c’est une histoire d'amour fou qui attend Annie Girardot, mais aussi un personnage particulièrement déjanté qui aime chanter Dieu et peindre en rose tout ce qui l'entoure. Autre membre de l'équipe du film précédent, Bernard Fresson a droit lui aussi à un rôle à la fois truculent et malin, celui d'un caméléon capable de s'adapter en toute circonstance mais ne pouvant se passer de l'amour, une sorte de nounours dont on devine le cœur tendre. Quand il laisse transparaître sa bonté d'âme bien sûr, car la plupart du temps c'est le roi de l'entourloupe. Autour de ces deux bizarres entités tournoie une belle bande d'acteurs que l'on aime bien : Jean Carmet le gentil bonhomme lunaire, Patrick Préjean déchaîné en psychopathe contrarié, Romain Bouteille en motard pleurnichard, Henri Garcin (le médecin « ex-interne des hôpitaux de Paris » de la mythique série Maguy), Mario David (une virilité splendide en robe), Marcel Dalio, Robert Dalban (le capitaine lecteur assidu de Rustica qui fait pousser des fleurs dans sa cabine)…

La petite musique mélancolique d’Alain Goraguer qui résonne sur les flots du début du film (Bernard Fresson, son personnage en tout cas, semble maîtriser l'instrument, ou fait bien semblant) pourrait annoncer une sorte de mélodrame. Ce n'est pas tout à fait le cas avec cette coproduction franco-italienne qui navigue entre vaudeville, comédie romantique, drame et absurde, un film foutraque et iconoclaste, mais pas forcément très passionnant par rapport aux précédents de Korber, où l’on ne risquait pas comme ici de perdre peu à peu le fil d’une histoire pleine de bizarreries (un hôtel où tout le personnel est composé de jumeaux, où l’on traverse une piscine pour atteindre sa table, des religieuses adeptes du side-car, un bébé invisible…) mais aussi de petites piques à l'encontre de la haute société en général, peut-être aussi de la routine. On ne peut pas dire que l’on soit tout à fait client de ce genre de cinéma, on n’est pas sûr d'ailleurs que le public de l'époque l’ait été non plus, en tout cas la carrière de Serge Korber va prendre un tournant étonnant : à la suite d'un pari avec Chabrol et Truffaut, il réalise un film porno, il en réalisera finalement plusieurs avant de revenir à un cinéma plus conventionnel.

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