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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : machinations à choix multiples
Scénar : les présomptueux ont beau gloser pendant qu’il déglingue les pigeons d'argile, s’il devait s’adonner au même tir sur quelque chose de vivant, ça ne dérangerait pas plus que ça Jean Reynaud. Ce n’est pas du genre de cet homme riche, entreprenant et détestant la routine. Il collectionne les conquêtes et, d'ailleurs, une femme vient d'emménager dans l'appartement au-dessus du sien, Nicole, une très belle et jeune américaine qui a du reste fait tomber un bijou dans l'ascenseur. Il va sans dire qu'il se précipite lui rendre mais elle ne répond pas. Reynaud est pourtant marié à une très belle femme aux yeux tristes qui est parfaitement au courant de ses activités. « Je suis obligé d'aller chercher ailleurs ce que l'on me refuse chez moi » : alors qu’elle fait des mystères, il se demande vraiment ce qui a bien pu se passer pour que son mariage se casse la figure. En attendant, il entend plusieurs fois des bruits de bagarre dans l'appartement du dessus dont il a gardé une clé et il décide de s'en servir. Cet homme qui redoute visiblement l'ennui sous toutes ses formes ne s'excuse même pas quand Nicole le surprend chez elle. Littéralement fasciné par cette blonde divine, il écoute son histoire : elle n'arrive pas à quitter Karl, cet homme qui la violente. Reynaud s'en fiche, s'entiche, et peu importe tout ça, il décide d'emmener Nicole en voyage. Ils y vivent des jours heureux mais le couple aperçoit un jour Karl : il les a suivis et fait même irruption dans la maison où ils séjournent. Nicole lui avoue que c'est Karl qui a organisé leur rencontre après que quelqu'un a mis un contrat de 20 000 dollars sur sa tête !
On peut dire une fois de plus que certains savent s’entourer puisqu’Umberto Lenzi se voit proposer un scénario par Luciano Martino et Ernesto Gastaldi, autant dire une paire de routiers célèbres du genre jaune, on retrouve à la production un autre Martino, cette fois son frère, Sergio, ainsi que Mino Loy, là encore loin d'être des débutants en ce qui concerne le cinéma populaire italien. La bande originale tout à fait remarquable signée Riz Ortolani sera la cerise sur un gâteau déjà opulent. Dire qu'on n’a pas encore parlé du casting on ne peut plus mirifique au niveau des actrices puisque sont réunies à l'affiche pas moins de trois des plus grandes stars du thriller transalpin : Carroll Baker, Erika Blanc, Helga Liné, trois femmes au physique tout à fait suggestif mais qui se caractérisent par des regards incroyablement renversants, de quoi donner des ailes à l'acteur principal Jean-Louis Trintignant, ici dans le rôle d'un homme à femmes que rien ne semble arrêter. Après tout, que peut craindre un type qui se balade tranquillement sur les mythiques avenues parisiennes en décapotable avec un fusil à lunettes sur la banquette arrière ? Car ce Jean Reynaud qui s'entraîne dans un club a peut-être gardé le don de Silence 1 de descendre tout ce qui bouge en un quart de seconde ? En tout cas niveau affaires de cœur, l’homme ne fait pas dans le détail et, à l'écran comme à la ville, a su choisir de prendre les plus belles à son bras, par exemple en Italie où il fait une carrière incroyable avec un sens du caméléon certain. Cet homme pouvait absolument tout jouer sans perdre une once de crédibilité.
Comme La Mort a pondu un œuf, Si douces, si perverses s'intéresse clairement à la haute bourgeoisie et à ses travers, l’hypocrisie des couples par exemple, avec un point de vue largement de gauche. Il commence par faire le tour du pot en montrant des vues des quais de la Seine, de la Tour Eiffel, des bateaux-mouches, pose le décor professionnel (encore une usine ultra moderne, cette fois-ci de médicaments semble-t-il, ce qui expliquerait la grande fortune du personnage) puis s’insinue dans l’intimité (quel magnifique immeuble) d’un milieu où l’adultère, les machinations, l’exhibitionnisme sont des moyens de se faire remarquer ou briller. Il n’empêche que les faux-semblants peuvent provoquer d’intéressantes métamorphoses de différents personnages. L’un des rares immuables est interprété par un autre géant du cinéma qui nous fait vibrer : Horst Frank, un acteur qui peut sans problème arborer un visage effrayant tout à fait génial sans lui non plus tenter vainement de se déguiser, il montre simplement une facette qui pourrait être exploitée par lui si un plomb sautait, ses yeux glacials ne peuvent tromper ! On notera au passage des décors aux touches très gothiques avec des objets ayant tous trait à la violence et à la torture, les images colorées rouge sang sont également parlantes. Le scénario de machination est proverbialement complexe mais agréable à suivre, les acteurs y sont pour beaucoup, mais le mystère reste entier quant à la question que nous jetons là comme ça avant de conclure : le film dans le film est un western. Oui mais lequel s’il vous plaît ? Au travail !!
1 voir Le Grand Silence de Sergio Corbucci (avec Jean-Louis Trintignant, Klaus Kinski, Frank Wolff, Luigi Pistilli, Mario Brega, Carlo D'Angelo, Marisa Merlini, Maria Mizar, Marisa Sally, Raf Baldassarre...) 1968
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