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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : impossible impassible
Scénar : Philippe Marlot, journaliste voyageur chaussé de santiags et alternant imperméable de détective et bombers de voyou, rentre au pays. On lui a demandé de revenir pour qu'il fasse un reportage sur la France qu’il a quittée il y a longtemps. Idée : il décide de faire la route en stop à ses risques et périls pour recueillir le témoignage de vrais Français et s'engage à faire un portrait par semaine pour le journal. Ce type qui semble revenu de tout, un peu blasé, a passé sa vie à voyager. Retrouvant son plancher des vaches perso, il fait rebrancher sa ligne de téléphone et prend connaissance des derniers appels. Son ex-femme Laura est portée disparue, les beaux-parents sinistres n’ont plus de nouvelles depuis deux mois alors que lui ne l’a pas vue depuis trois ans et leur divorce. Il mène ses deux enquêtes en parallèle : retrouve des gens du passé dont un qui lui en a fait baver en Algérie mais il semble que, depuis qu'il cherche Laura, cet homme qui ne semble étonné de rien soit pris en filature…
Pour son premier long-métrage, Philippe Labro a été sur tous les fronts : il a imaginé l’histoire, l’a transformée en scénario, a écrit les dialogues et même tant qu’à faire les paroles de la chanson Don’t Be Blue. Et puis il s’auto-décerne un micro-rôle. On voit aussi apparaître Chantal Goya, Catherine Deneuve, une toute jeune Catherine Allégret et chez les hommes le solide Roger Lumont, Jacques Lanzmann, Bertrand Tavernier, du beau monde auquel on ajoute Eddie Vartan pour la musique et Nino Ferrer qui chante La Route. Pour ceux qui ne font pas qu’un court passage, on est toujours content de suivre Jean-Claude Bouillon (le commissaire Valentin des Brigades du Tigre of course !) et d’avoir des surprises comme les prestations de Fabrice Luchini, déjà survolté et totalement fou dans son premier film et d’André Falcon, très bon, émouvant même en « homme qui fuit ». Les très belles actrices, Prudence Harrington en tête, errent quant à elles comme des - beaux - fantômes dans une histoire d’homme seul et sans attache.
Tout peut arriver est du début à la fin un film atypique, de ces images du tournage en générique à ces sortes de collages à la Godard très inspirés par l'Amérique et par les couleurs-vive-la-Révolution. Une grande partie des séquences concerne la vie quotidienne et prolétaire (la circulation, les ouvriers au turbin, les rues, les affiches et la publicité en général…) mais montre aussi des images d'une France disparue qui a peur de l’invasion des drugstores mais dont la solidarité n’a pas encore été tuée par la peur et l'égoïsme (ici, faire du stop sur l'autoroute un gros cigare au bec et voir un camion finir par s'arrêter tient déjà du miracle, si en plus le passager provoque et cherche les châtaignes, c'est au routier que ça se finit autour d'un verre !), où l’on croise encore du reporter comme on n'en fait plus, avec ses papiers dictés par téléphone et sa créativité en tête… Ah et on est prévenu, « Tout peut arriver », même un tartinage de télé à la chantilly ! Drame et folie douce sont sur un bateau !
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