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Genre : à qui jettera la première Pierre
Scénar : à Petersbourg en 1761, des pauvres qui crèvent de faim sont sur le point d'être sévèrement punis pour un vol de pain et le peuple implore leur grâce. Alors que le grand-duc Pierre s’apprête à faire tirer sur la foule, le capitaine cosaque Orlov intervient et le prévient qu'il ne sera pas obéi. Pierre frappe Orlov mais cette humiliation ne sera pas oubliée. La grande-duchesse Catherine, femme de Pierre, fait sensation à la cour où sa prestance et son intelligence la font remarquer de tous, ses prétendants sont d’ailleurs très empressés et la tsarine Élisabeth Ière le voit d’un bon œil quand Pierre n'est pas fichu de lui donner un enfant, ni même de partager sa couche. Certains comme le chancelier pensent même que le grand-duc sera un moins bon successeur que Catherine. Ainsi quand celle-ci remercie Orlov de son intervention, son mari ne veut que sa perte : les officiers prussiens qui l’entourent déportent les Cosaques alors que Pierre devient le nouveau tsar. Mais Orlov, furieux d'avoir perdu son frère lors de son exil, s’évade du camp de Sibérie pour se venger tandis que Catherine découvre un complot ourdi contre elle. L'alliance de ces deux solitaires fera-t-elle pencher la balance vers la justice et la paix au sein de l’Empire ?
Hildegard Knef n'a peut-être pas l'air très sympathique mais on ne se fait pas une idée différente de ce personnage historique qui marqua son époque par son inflexibilité et un long règne d'à peu près trente-cinq ans dont le début coïncidera avec la destitution de son mari Pierre III (interprété par un acteur qui a vraiment la tronche des salopards de première, un peu comme les méchants dans les péplums), visiblement atteint de troubles mentaux et qui finira assassiné en prison. Ce que le film ne montre pas. Pour le reste, le scénario se tient assez près de l'histoire authentique en ne faisant pas comme souvent à la même époque de la tsarine un canon de beauté creux, il montre aussi la vieille impératrice, elle aussi sans enfant, qui pousse celle qui lui succédera dans les bras de différents amants afin d'éviter peut-être son sort de souveraine solitaire et sans descendance. C'est le personnage d’Orlov que l'on expose sans tache par contre : ni son rôle ultérieur d’amant de l'impératrice, ni l’assassinat de Pierre III ne lui sont reprochés, il reste ainsi le soldat fidèle, honnête et sans peur marqué par le malheur, un brave soldat tel qu’il convient dans une biographie romancée un minimum pour émouvoir la partie du public qui le veut bien.
Car celle qui cherche l'action et la violence sera aussi servie : l’image cruelle des soldats fouettant sans relâche les déportés, les scènes de bagarre ou de bataille sont aussi de la partie. Pour un peu de classicisme, quelques éléments ne sont pas oubliés pour faire de Catherine de Russie un petit classique du film historique : bals avec perruques poudrées et grandes robes, colin-maillard, petite pièce de théâtre en extérieur mais aussi danse de taverne… Alors heavy-demment on ne tient pas forcément là un indispensable du cinéma en costumes, des petits côtés fauchés (oh le joli petit château en carton-pâte, délicieusement kitsch) sont obstacles sur le chemin de l'immortalité mais il n'en reste pas moins un film divertissant comme l'époque savait en fournir des tonnes tous les mois. Et le fait qu'une femme seule ait à ce point marqué l'histoire quand le patriarcat était au plus haut soit salué par un cinéma italien généralement très machiste - pour ne pas dire dégradant - avec ses personnages féminins fait bien plaisir à voir, on a trop souvent dit qu'Umberto Lenzi et ses collègues se complaisaient au sexisme sans équivoque, il semble même qu’ici le réalisateur ait fait son possible pour montrer l'homme dans ce qu'il a de plus maléfique.
L’échange du film : (l'impératrice à son conseiller au sujet de la semi-émeute du départ)
« - Mais que s'est-il passé et que vous voulaient exactement ces gens ?
- Je n'ai pas très bien compris Majesté, j'ai cru entendre qu'ils avaient faim... C'est incroyable car il était à peine trois heures de l'après-midi ! »
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