Chroniques DVD
28
Fév
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : la bonne mine et la santé ira avec !

Scénar : en 1898 dans la prison de Yuma en Arizona, Peter Van Hoek dit « le Hollandais », ingénieur d’état soupçonné d'avoir volé l’or d'une mine, et John McBain sont gentiment invités à prendre un bain. Pourtant, le temps est plutôt à la torture en ces lieux… Le supplicié du jour manque de se noyer, son pote McBain de tuer un gardien, le Hollandais gagne lui un ticket de sortie, ainsi que McBain d’ailleurs qui « grâce à lui » n'a pas tué. Van Hoek, bien qu'on lui conseille vivement le contraire, retourne à Prescott sur les lieux du crime qu’on lui a collé sur le dos. Mais à son arrivée le shérif lui signifie non sans animosité qu’il n’est pas le bienvenu en ville et qu’il devra prendre la prochaine diligence, deux jours plus tard. Ça tombe très bien, le plan est simple : Van Hoek vient juste enrichir un magnat du coin tout en récupérant son pactole au passage. Chargé d’un curieux matériel et accompagné d’un complice local, mais aussi de McBain qui avait justement décidé de se ranger des bagnoles et d’adopter un style de vie honnête, il se dirige vers la mine où de mystérieux ouvriers creusent la roche, entreprend son plan tout en prévoyant de monter en temps et en heure dans la fameuse diligence ordonnée par le shérif.

Delmer Daves n’est pas un débutant quand il entreprend ce tournage. Après des débuts marqués par les récits de guerre et le film noir, il réalise en 1950 La Flèche brisée avec James Stewart, un vrai classique, et il en fournira d’autres (L’Homme de nulle part, La Dernière caravane, 3h.10 pour Yuma ou une bonne partie de La Colline des potences sont de bons titres). On ne s’étonne donc pas de se retrouver face à un métrage très bien ficelé et joué avec L’Or du Hollandais. Il tient à un inversement des rôles plutôt surprenant et plaisant, les deux acteurs en vedette, Alan Ladd et Ernest Borgnine, étant de merveilleux interprètes de leur rôle. Alan Ladd joue très bien un homme à l'humour acide, un dur à cuire doublé d’un homme séduisant et pétillant ; Ernest Borgnine, la sale gueule de service, joue, c’est le monde à l'envers, le redresseur de torts mais sa tête devrait indiquer que le chercher est dangereux pour la santé. Et on ajoute autour de jolis personnages très mignons dans leurs espoirs d'une vie meilleure et plus juste. D’ailleurs, L’Or du Hollandais sonne presque pré-révolutionnaire avec ses mexicains écrasés par la botte capitaliste qui death-y-dément sévit partout sur le pauvre monde…

D’après un roman (The Asphalt jungle, les rockeurs apprécieront ce titre déjà adapté « à la bonne époque » par l’immense John Huston en 1950 avec à l’affiche un autre grand bonhomme, Sterling Hayden, et une actrice sortant à peine de l’anonymat, Marilyn Monroe) de l’auteur prolifique W. R. Burnett, traduit entre autres à la Série Noire en France, cette adaptation est certes courte (une heure vingt à peine mais après tout l’action se déroule sur seulement quarante-huit heures), mais elle contient tout ce qu'il faut pour passer un bon moment de cinéma populaire : action, suspense, romance, tout ça sous le chapeau western, aucune raison donc de s’en passer. Pour faire vite : un plan franchement ingénieux qui induit du suspense (celui-ci est en plus boosté par une musique expressive souvent très réussie), un shérif têtu aux aguets qui risque à tout moment de faire capoter le plan fumant, une arrachage de balle à l'ancienne en trois atouts (la main, le whisky, le savoir-faire) et, pour finir sur le plus resplendissant, une sublissime rousse, Claire Kelly, qui illumine à elle seule un climat pas toujours très drôle. Ah, et si on peut au passage moucher quelque peu la maréchaussée, on dit youpi, heavy-demment.

La phrase du film (ou le capitalisme vu par un père Ernest lucide) : « il semble que dans ce beau pays les uns s'entendent pour voler les autres »

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