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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
[Publié à l'origine dans C Le Mag #102]
Quand la guerre est perdue, la vie culturelle reprend aussitôt à Paris. La période est extrêmement compliquée à analyser avec l'ambiguïté qui persiste de bout en bout : faut-il cesser toute activité sous l'oppression ? Si oui, un artiste peut-il réellement le faire ? Tout réside dans ce que l'on imagine d'un artiste : un écrivain doit écrire, un peintre peindre, et leurs travaux doivent être exposés. Tout dépend alors du degré de compromission usé pour se voir mis à l'honneur. Mais même ceux qui par viles magouilles arrivent à leurs fins ne seront pas nombreux à être inquiétés et ceux qui le seront pour de bon comme Céline, Montherlant ou Guitry ne le seront pas vraiment longtemps considérant leurs fautes respectives. Sans parler de la chrysalide de beaucoup d'attentistes qui laisse, amère métamorphose, échapper pour un bon nombre des papillons aux belles couleurs de résistants dans les derniers jours de la guerre (comment au passage ne pas penser au débat final du fameux Papy fait de la résistance ?!). La période de l'Occupation sera rien moins que fertile (pas moins de 220 films seront tournés !) mais il sera difficile de faire la part des choses : des opportunistes doivent-ils subir le même sort que les collaborateurs zélés ? Il était tentant pour une frange de la culture d'aller siffler du champ' et manger les "rares" bonnes choses des buffets de la Propaganda Staffel. Rares sont les exemples des Editions de Minuit (Le Silence de la Mer de Vercors, Suite française d'Irène Nemiroski) ou encore de Robert Desnos puisque la plupart des auteurs vivent de leur plume au sein des journaux avalisés par les allemands ou Vichy.
Le point de vue américain de l'auteur, héritier du vénérable Robert O. Paxton, semble parfois dur dans l'ensemble (il parle de la culture comme "le seul domaine dont les français pouvaient encore se sentir fiers"...) mais on peut se poser la question : dans une France où cette période est toujours taboue, qui peut bien tenter un travail qui se rapprocherait par exemple de la fameuse gouaille du génial Galtier-Boissière dans son Journal sous l'Occupation, la lucidité du cynique dans toute sa splendeur ? Cette étude mérite d'être lue car elle semble bien faire le tour de la question, abordant chaque volet de la culture. Un point cependant, destiné au traducteur, la locution après que est TOUJOURS suivie de l'indicatif.
437 pages dont un cahier de photos en N & B, 23,90€
ISBN: 9782259214810
© GED Ω - 18/01 2013
Lecture complémentaire: La Vie mondaine sous le nazisme de Fabrice d'Almeida (Perrin / Tempus - 2009)
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