Chroniques Blu-Ray
02
Jan
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : Jeanne entend des voix, dont la sienne, pour la première fois !

Scénar : sur l’ordre de l’archange Michel dont elle entend la voix à Domrémy en Lorraine, Jeanne d'Arc part vers Orléans avec l'espoir de mettre un terme à la guerre de Cent Ans qui avait fini par ruiner le pays de France ainsi que le moral du peuple. La solution : faire couronner le dauphin qui triomphera ! L’exemple de cette jeune fille fait renaître l'espoir : les Anglais et leurs alliés n'ont pas l'air fin, ils lui feront payer. En attendant, puisque la papauté met son groin partout dans cette guerre et qu'il faut bien lui plaire pour avoir raison dans toute cette affaire, français et anglais jouent à celle qui jettera sur le bûcher le plus d’hérétiques. Bien que scandalisé de recevoir un roturier, l'anglais Talbot parlemente avec l’envoyé de Charles VI de Valois, Maillezais, demi-frère du roi. Mais les négociations sont mal embarquées avec les insultes qui fusent entre anglais vexé et français humilié : l'anglais déclare qu'il va brûler Orléans et appose sa marque au fer rouge sur la peau de l'envoyé du roi de France. Puisque c’est comme ça, le roi décide d’aller prendre un insuffisant bain de foule avec Maillezais. Car voilà que la jeune fille, qu’il rencontre de façon fortuite, fait fuir les soldats anglais et remet du baume au cœur à la population qui en avait bien besoin : être la piétaille de grands seigneurs qui se partagent les magots : ça suffit !

Oui, c'est un fait, cette Jeanne d'Arc est sortie sous le régime nazi mais nombreux sont ceux qui ont voulu continuer à travailler pendant cette période épouvantable, et chausser des lunettes du XXIème siècle sur des choses qui se sont passées au précédent est une erreur qui revient souvent. Il ne faudrait quand même pas oublier que chez la Continental en France, des films absolument géniaux sont sortis (Le Corbeau, Des inconnus dans la maison, L’Assassinat du Père Noël, Goupi Mains rouges et qu'ils n'avaient rien à voir avec le régime qu'ils avaient soi-disant servi. À l'inverse bien sûr, des centaines de gens géniaux comme Céline, Brasillach, Drieu La Rochelle ou l’acteur Le Vigan se sont comportés comme de véritables salopards, écopant pour la plupart du sort qu'il méritait. Il est difficile de juger une œuvre quand on se base sur les événements qui eurent lieu au moment de sa conception, toujours est-il que nous sommes en présence avec ce film de la première représentation de Jeanne d'Arc en version parlante et qu'il est bon de l'avoir remise au goût du jour après restauration (la plupart du film est tirée d'une copie qui était conservée en ancien RDA et qui a été complétée avec des fragments d'une copie anglaise) car on tient là la un joli bestiau tourné dans des décors de studio rigolos et brumeux.

Vieilli bien sûr, mais quand même, les allusions à la période contemporaine au tournage sont nombreuses : ne verrait-on pas par hasard partir l’exode des populations jetées sur les routes de 1940 quand pendant ce temps les crétins qui se prétendent les « stratèges de l'armée » ne croient pas à une si simple attaque de nuit ? Les allemands insistent d’ailleurs très largement sur le sacrifice des populations et du trésor de la France par des généraux qui non contents de se livrer au pillage se proclament presque les créanciers du roi, ils n'hésitent même plus à dire que celui-ci n'est rien sans eux… Avec un jeu très théâtral et très physique, une sacrée bande d'acteurs s’en donne à cœur joie pour incarner les fâts, les fous ou les sages. Déjà mise en image par les réalisateurs du muet (Georges Méliès, Albert Capellani, David Griffith, Carl Dreyer), c’est désormais parlants que les prochains films seront tournés par Victor Fleming, Roberto Rosselini, Otto Preminger ou Robert Bresson. Des libertés seront toujours prises avec l'histoire bien connue de notre petite bergère, on peut même dire que ça va très, très, très vite jusqu'au couronnement du roi et sa suite fumante, mais l’ensemble se tient bien et on est ravi de la sortie du placard d’un film de cette classe, ancêtre des films de capes et d’épée des décennies suivantes.

Bonus : diaporama très fourni ; quand au livret du médiabook (80 pages), J’ai nom Jeanne la pucelle, il est cette fois rédigé par David Didelot.

Infos / commande : https://www.artusfilms.com/histoire-et-legendes-d-europe/jeanne-d-arc-324

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