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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : western Zapata
Scénar : la richesse s’est de tout temps tout permis. Après avoir dépassé les péons mexicains avec sa voiture, le docteur Henry Price les fait pousser le véhicule quand il tombe en panne, les envoie chercher de l'eau pour recharger son radiateur… Est-ce que le geste hautain de donner quelques pièces à certains d'entre eux le rend moins antipathique aux yeux des pauvres ? Il se dirige ensuite vers la prison où quelques personnes apportent quelques victuailles pour un certain Tepepa, un homme qui, d'après l’infâme colonel Cascorro, n'a plus que deux heures à vivre… Les nourritures sont récupérées puisque les prisons sont pleines, et encore, l’officier se vante d’avoir fait descendre un maximum de gens puisque la révolte gronde… Mais les armes sont toujours du côté des militaires, eux-mêmes au service d’un président Madero oublieux de qui l’a posé à la tête du Mexique. Alors qu'il est sur le point d'être fusillé en grande pompe, Tepepa est libéré in extremis par Price, aidé par la foule qui retient les soldats qui s'apprêtaient à partir à leur poursuite. Bizarrement, Price a libéré Tepepa…pour pouvoir le tuer lui-même ! Tepepa veut absolument rencontrer Madero mais ce crétin qui s'est emparé de la voiture a un accident et le docteur est arrêté par les soldats. Tepepa finit par le libérer en même temps que ses amis et c'est en fouillant dans ses affaires qu'il comprend pourquoi Price lui court après…
Giulio Petroni n'a plus rien à prouver quant à la réalisation de westerns lorsqu'il s’attaque à son troisième 1 que l’on situera cette fois dans la lignée de ceux, politiquement très éloquents, des grandissimi Damiano Damiani (El Chuncho) et Carlo Lizzani (Requiescant), c’est-à-dire au début d’une vague révolutionnaire ayant pour décor le Mexique habituel du sud de l’Espagne et opposant un paysan révolté aux manières très personnelles (qui mieux que Tomás « Cuchillo » Milián pouvait interpréter le rôle de Tepepa ?!) à un militaire sans scrupule qui devance largement les prérogatives d’un pouvoir dépassé (Orson Welles, plutôt du genre affreux à cette période, met son physique extraordinaire au service du salaud de service, le colonel Cascorro). Jouant ici le tampon entre les deux, un personnage très ambivalent, joué par un très bon John Steiner, vient ajouter au scénario très classique une touche de mystère, tandis qu’un reste de famille sacrifiée (un père double manchot et un jeune garçon déterminé à se battre comme un Gavroche sur des barricades) impose quant à lui une dimension dramatique que, oui, cette version, enfin longue, rend cette fois intelligible à tous. Et Morricone de marquer durablement ensuite. Au passage dans le rayon drame, on en profitera pour évoquer ces chèvres, coqs et chevaux, sacrifiés sur l’autel de la guerre dans ce souci très humain de tenter de détruire le plus possible d’un coup des ennemis ou de l’ennui du jour.
Mais au milieu de cette forêt de figuiers de barbarie on ne trouve pas qu’un festival de fusillades sous sombréros (mais au fait, cette façon de porter le chapeau avec la large sangle sous le nez doit être légèrement irritante, non ?) et d’explosions tous azimuts (celle de la voiture est aussi hilarante que celle des époques ultérieures, particulièrement filmées par les américains). Les allusions à cette belle connerie de phrénologie ou même à Terre et Liberté (qui n’est sûrement pas qu’un surnom supplémentaire de Tepepa mais forcément un clin d’œil aux révolutionnaires russes proto-communistes narodniks) font montre d’un joli petit travail de documentation à des fins d’authenticité en plus d’un bel effort au niveau des décors, des costumes et des guimbardes. Pour enfoncer le clou, on remarquera que le discours politique - gauchisant mais sans plus, disons plutôt revenu de certaines illusions - ne prend pas vraiment de gants pour exprimer une vérité que l’on ne peut taire quand on est lucide trente secondes d’affilée, et que Sergio Leone, parmi d’autres certes, gravera plus tard dans le marbre de l’Histoire 2 : peu importe qu’un plus joli drapeau l’emporte sur l’autre très vilain, ce sont toujours les mêmes fumiers qui gagnent après les guerres et les révolutions, ceux qui y trouvent leur intérêt, financier le plus souvent. « Et pendant ce temps qu'est-ce qu'ils font les pauvres cons ? ILS SONT MORTS !!! »…
L'échange du film :
«- Colonel... Me concèderiez-vous d'examiner le criminel dans un lieu plus adéquat ?
- Le cimetière, ça vous va ? Vous l'y trouverez ce soir. »
Bonus : « Viva Tepepa » : présentation par Jean-François Giré (37’), « Vive la révolution » : entretien avec Giulio Petroni et Tomás Milián (30’), Intro alternative (4’), diaporama, bande-annonce originale
1 voir La Mort était au rendez-vous de Giulio Petroni (avec Lee Van Cleef, John Phillip Law, Mario Brega, Luigi Pistilli, Anthony Dawson, José Torres, Franco Balducci, Bruno Corazzari, Felicita Fanny…) 1967 et ...E per tetto, un cielo di stelle de Giulio Petroni (avec Giuliano Gemma, Mario Adorf, Magda Konopka, Federico Boido, Cris Huerta, Julie Menard, Anthony Dawson, Sandro Dori...) 1968.
2 voir Il était une fois la révolution de Sergio Leone (avec James Coburn, Rod Steiger…) 1971. Bah, clique aussi sur révolution mexicaine si tu t'ennuies...
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