Un peu plus loin sur la droite de Fred Vargas (J'ai Lu -1996 Réédition 2004)

Louis Kehlweiler est un drôle de flic : en somme il joue au flipper, numérote les bancs publics, se confie aux piliers de bar toujours trop curieux, vit avec un crapaud et en plus il boîte.

Comme la vieille Marthe et son carnet de secrets, Louis a gardé dans sa mémoire beaucoup de faits qu'il devrait oublier mais non, y a pas, il finit en disgrâce, presque mollement, mais « il avait une mémoire assoiffés de visages et de noms, perpétuellement insatisfaite et quémandeuse. Ce qui d'ailleurs inquiétait beaucoup au ministère. » Le jeune Vincent l'a pris pour maître et c'est en sa compagnie que Louis fait une découverte à l'endroit d'où ils guettent les agissements d'un vieux facho en maraude.

Vincent voudrait bien en savoir plus sur les origines mystérieuses de Louis, mais la vieille Marthe lui demande de lui foutre la paix. La découverte de Louis va déclencher une enquête, là même d'où un certain commissaire Adamsberg ¹ vient de décamper, le commissariat du cinquième arrondissement où règne désormais ce Paquelin qu'il déteste. C’est exprès qu’il lui propose cette bizarre affaire d'os qu'il prétend humain. Et tout va porter à croire qu'il l'est, mais digéré par un chien . Si Paquelin, c’était prévu, l’envoie balader, Kehlweiler prend aussi à son service un personnage intéressant, le médiéviste que l’on surnomme « Saint Marc » ², qu’il charge de classer les innombrables actualités qu'il découpe dans les journaux dans un but assez incertain puisque Louis s'avère être l'homme le plus mystérieux possible. De quoi agacer le jeune homme, fort curieux de ses congénères…

« Une femme s'était fait démolir, peut-être, il avait toujours su repérer la crasse, il n'arrivait pas à laisser tomber », alors Kehlweiler s’accroche et le chien qu'il parvient à suivre le mène en Bretagne chez un réparateur de vieilleries qui mène une drôle de vie martiale, sans compter son ex qui s'est aussi recasée dans la même ville, le monde est décidément merdiquement petit.

Et si on ajoute à tout ça « un nocif, un ancien tortionnaire et plus que ça sans doute » en filigrane, on obtint encore une fois un roman génial blindé de superbes dialogues qui mériteraient une adaptation au cinéma (et cette machine divinatrice mériterait d'être construite, juste pour son idée, fantastique. Pas besoin de rappeler que l’on est violemment amoureux de l’écriture de Fred Vargas, de son romantisme noir et de son allergie à tous les salauds que l’on croise en nombre dans la vie à droite et à gauche, voire même un peu plus loin sur la droite.

253 pages

ISBN 2290304557

#fredjetaime

¹ voir https://www.nawakulture.fr/component/tags/tag/commissaire-jean-baptiste-adamsberg

² voir https://www.nawakulture.fr/component/tags/tag/les-evangelistes