Chroniques concerts
31
Aoû
2010

Il faut avoir du courage pour porter une amure en ce 21 août, la température avoisinant les 30 degrés !

Mais ce festival mêle rock anglo-saxon et rencontre templière c’est pourquoi sont rassemblés plusieurs ordres de chevalerie : les Templiers bien sûr mais aussi les Hospitaliers, les Teutoniques sans oublier les Gueux tout droit échappés de la léproserie et qui se livrent, évidemment, à un véritable festival crachotant et gouailleur qui fait hurler enfants et adultes à l’approche de ces guenilles craspecs et ces peaux qui se décollent.... 

Un village est installé au coeur du domaine de Gaillac et regroupe marchands et artisans divers : cuir, fer et ripaille rivalisent sur les étals, des démonstrations ont également lieu : forge, fonderie, cotte de maille... La parade des chevaliers et les exercices à cheval précèdent les fracas des duels mais déjà dans les airs résonnent les accords d’HAWKWIND. Convivialité et sérieux sont au rendez-vous au niveau de l’équipe, l’ambiance est légère et bon enfant, le soleil est haut dans le ciel, une légère brise tempère l’enfer, tout est réuni pour faire de ce Rock Knights un festival réussi. TORNALS, ensemble de musique médiévale, tourne et vire sur le site et gratifie les festivaliers de morceaux enjoués à grands coups de tambours, de darbouka, de hautbois et de cornemuse, revisitant un répertoire-voyage de la Bretagne à l’Occitanie en passant par l’Empire Ottoman. 

 

Quand TORNALS revient à la charge sur la scène cette fois c’est pour annoncer qu’il est déjà l’heure du concert de FURIOUS WATTS, groupe-hommage à AC/DC. L’utilité des très à la mode tribute-bands est un débat dont on se passera ceci dit si hommage il y a, doit-il rimer avec mimétisme ? En effet quelques détails sont confondants (le matos évidemment mais aussi les mimiques et poses que l’on espérerait moins marquées pour aller à l’essentiel : la musique). Le public est de toute façon ravi par un répertoire qui pioche autant dans les nouveautés (Runaway train est même de la partie) que dans l’ère Bon Scott (TNTProblem childWhole lotta Rosie et bien d’autres), reste à savoir s’il est possible de tenir la route en s’attaquant à une icône pareille, la question reste ouverte. 

 

Tout est clair par exemple avec BLUE COUPE, power trio composé des frangins Bouchard, membres fondateurs du BLUE ÖYSTER CULT pour la guitare et la batterie, et de Dennis Dunaway (ex-ALICE COOPER BAND) à la basse. Les trois bonhommes ayant composé grande partie du répertoire sacré des deux groupes, quoi de plus normal que de se permettre d’en livrer leurs versions devant un public chauffé à blanc ? S’enchaînent donc I’m eighteenAstronomyGodzillaSchool’s out(Don’t fear) the reaper ou encore Black juju pour le plus grand bonheur des fans de l’âge d’or qui visiblement se sont déplacés. Les morceaux de Joe Bouchard et de BLUE COUPE sont également au programme et laissent apparaître de sacrées compos de hard US qui ne demandent qu’à être diffusées au plus grand nombre tant la bonne humeur et l’entrain sont communicatifs à leur écoute. Pour ce premier concert en Europe, merci Marc, c’est l’éclate, point barre. 

 

WISHBONE ASH est une machine à morceaux de bravoure et même si un seul membre des débuts subsiste (le grand Andy Powell à la guitare et au chant), le groupe se démène et livre ses plus grands succès dans des versions échevelées mais maîtrisées de façon impériale. Quand on sait que le groupe était déjà là en 1970 (« et maintenant on va jouer un morceau qui a maintenant quarante ans » annonce Powell à un moment) on ne peut que rester ébahi devant l’aisance et la pêche que le groupe dégage, les musiciens ont de surcroît beaucoup de mal à quitter la scène et avant le grand départ sortent de derrière les fagots des pièces à tiroirs desquelles émanent comme de bien entendu ces fameuses « twin guitars » caractéristiques, fines, racées et imparables. C’est décidément dans les vieux pots... 

 

Quoi de mieux pour réveiller la ferveur d’un public acquis à la cause du rock anglais qu’une apparition quasi miraculeuse des anglais intergalactiques d’HAWKWIND ?! Les voilà qui pendant une grosse heure et demi vont faire planer l’auditoire avec leur immortel « space rock » qui mêle avec une sévère pointe de folie aventureuse heavy rock, sonorités électroniques et claviers alambiqués. Tout comme chez les deux groupes précédents tout le monde ou presque passe au chant et donne du coup sa couleur, son ton aux morceaux, sans même parler des territoires bigarrés explorés par Dave Brock et sa bande depuis eux aussi plus d’une quarantaine d’années, et ça ne semble pas s’arranger avec les années ! Le public peu nombreux à cause peut-être d’une tombée rapide du froid et de l’humidité propre au Larzac nocturne, en redemande jusqu’à obtenir un rappel avant que la nuit ne retombe définitivement sur le site...jusqu’au lendemain bien sûr ! Silver machiiiiiine...!!! Quel concert !!! 

 

Et ce lendemain démarre officiellement par une prestation des increvables TORNALS qui accueillent les visiteurs avec énergie, c’est le moins que l’on puisse dire, malgré un soleil de plomb et la mêlée finale des chevaliers vaut le coup d’œil avec une mise en scène d’embuscade. Direction la scène où WASH MASH ne laisseront pas un souvenir impérissable car les morceaux biscornus dont quelques reprises pas franchement top (MADNESSEAGLESSTONES...) ne surnageront pas. Du travail à fournir en vitesse pour devenir crédibles, l’énergie et l’envie seules ne suffisent pas. 

 

MARLEEN : en interprétant au lieu de reproduire, le trio rend bel hommage à Jimi Hendrix et les DOORS. Alors si le chant n’est forcément qu’en dessous du dieu Morrison, on ne tiendra rigueur au groupe (enfin à son sono) que d’un son de basse abominablement fort. Mais si c’est trop fort c’est qu’t’es trop vieux après tout n’est-ce pas ? 

 

La foire à la batterie est ouverte avec TASTE et un répertoire composé de morceaux de l’inestimable Rory Gallagher mais aussi du TASTE de today dont un CD est dispo dixit le batteur, suffit juste d’aller voir sur le net puisque le groupe n’en a pas amené. Presque deux heures de rock’n'boogie blues dont chaque titre se révèle un prétexte à l’impro, un long solo de batterie, un Gloria des familles, un rappel et tous les TASTE sont dans la nature. 

 

Dur, dur pour John Coghlan et son QUO rien qu’à lui de prendre la suite car le monsieur a mal digéré et les années et les excès, et les moqueries fusent quant à son jeu limite robot et l’absence de breaks dans les morceaux, une boîte à rythme avec un super son mais pas forcément l’excellent batteur de l’époque. Ceci dit au fur et à mesure du set il se réveillera et le concert en général mérite les applaudissements. Plein de classiques : Down downCarolinePicture of matchstick men (excellentissime), Whatever you want pour un très bon moment malgré tout. 

 

Le public absent, pour terminer, mérite les huées. Un festival comme celui-ci, avec une affiche pareille et une organisation au top méritait un champ comble. Le dimanche et ses quatre pelés reste dans la gorge comme un gros chardon bien sec. Mais les premiers à râler devant l’absence d’événements culturels sont aussi souvent les premiers à ne pas montrer d’intérêt pour les affiches inmanquables. On y était et l’année prochaine ce sera la même chose !

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