Chroniques concerts
06
Sep
2016

C’est reparti pour un tour, voici la suite de Fall of Summer Festival - Jour 1 à Torcy, Base de plein air de Vaires-Torcy le 02/09/16,

et bienvenue en Enfer avec la montée du scène de la MILITIA parisienne qui est, malgré les têtes qui changent d'année en année (de quand date donc notre dernière rencontre avec le groupe ?), toujours convaincante pour qui cherche un méchant bourre-pif black metal. La nuit avec les vidéos c'était le carton plein assuré mais on se contentera de cette excellente prestation quasi matinale d’où surgissent de méchants Goat throne, Blart art of crime ou l’inévitable GG Allin (et j’ai criéééé…), guests inclus. Voici venir ensuite le pas-du-tout-prétentieux « supreme avant garde death metal ». de MONOLITH DEATHCULT après une intro sous forme de chanson trad écossaise. Au programme un hybride indus death de bonne facture mais pas forcément toujours passionnant. Du doom / death lentissime finnois pour l'heure de la sieste c'est un peu de la triche, par delà les murs du sommeil surnagent voix d'outre tombre et mélodies dépressives, du tranxène pour les oreilles à une heure particulèrement bien choisie pour un décès prématuré. Un peu d'ennui règne, mais l'étrangeté itou, cet homme là-bas ne jongle-t-il pas avec...des chaussures ?! N'est-ce pas un château de sable que construisent deux personnes pendant le set ?! On a failli ressusciter pendant PHAZM qui, malgré beaucoup d'énergie, ne nous passionnent guère plus en attendant les britons de GRIM REAPER.

Contrairement aux prévisions les plus catastrophiques, la formation n'a pas à avoir honte de sa tenue de scène même si la voix n'est plus tout à fait ce qu'elle fut. Très bon moment de la journée que ce premier concert du groupe en France marqué par un hommage au dieu Dio avec un Don't talk to strangers (parfois à la limite de la justesse, pardon) et une fin sur un See you in Hell bien cool ! Mais à l'ombre hein ? Parce sinon sous ce cagnard c'est la mort assurée ! Et maintenant voici venir MEMORIAM ! En absolu deuil de BOLT THROWER qui passe pour une divinité en ces virtuels murs, en voici un peu quand même avec la présence au chant de Karl Willets, tout simplement le meilleur gosier death de la planète et le batteur Andy Whale dont le défunt Martin Kearns prit la place en 1994. Encore une caisse claire pourrie sur cette scène mais en contrepartie une chouette setlist dont un Spearhead nucléaire mais aussi une reprise de SACRILEGE (The Captive) dont on trouve aussi un membre dans le line-up. Pas le concert de l’année mais un putain de bon moment tout de même. Autoparodie ou paroxysme metal sans complexe, NIFELHEIM est en tout cas la machine de guerre par excellence : poses démoniaques, cris de harpies, cuir et clou à la tonne, tout est là pour foutre le feu, surtout avec une setlist remontant jusqu'à la première démo ! Les frangins chauvelus sont déchaînés, le public galvanisé, la soirée est lancée c'est officiel, un vrai bonheur que de voir ça.

Oublie vite ce bonheur car la douloureuse liste des grands groupes s'allonge avec DEAD CONGREGATION qui n’est pas là du tout pour rigoler. Si on n’aimerait pas être à leur place à jouer avec le soleil en pleine tronche, cela ne semble pas vraiment déranger le quatuor qui envoie une prestation intense et sombrissime, avec le même constat à faire qu'au Wolf Throne 1 : aucune chance d’échapper à un metal de la mort d’une telle puissance physique et spirituelle ! Comme avec WHIPLASH la veille, EXCITER livre ensuite un début tonitruant puis des hauts et des bas qui rendent tout de même les mouettes du lac totalement givrées (excitées ?!), on croirait même que ça va dégénérer hitchcockien mais malheureusement cette occasion de bien rigoler ne se produira jamais... Beaucoup de bas en fin de compte (wah le chant, mate les vidéos) chez un groupe finalement pas si excitant que ça. Dommage, car Violence and force avec des pains c'est toujours rigolo. UNLEASHED fait comme d'hab’, un concert correct avec de vrais tubes dedans (Winterland, I don't want to be born, If they had eyes, To Asgard we fly, Before the creation of time etc.) pour faire proprement gigoter les petits os du cou.

Et, enfin, GOBLIN qui ne manquera pas d'étonner sur une affiche à 99,9 % metal...dont le public n'est carrément pas aussi ouvert ou cultivé qu'il le prétend, souvent très fort en plus. Les conversations des débiles alentour confirme d’ailleurs la confiture offerte aux cochons mais quel plaisir personnel ! Après tout, tant pis pour eux car GOBLIN, celui de Claudio Simonetti du moins (le groupe ayant éclaté depuis belle lurette en plusieurs formations affiliées) revient montrer un aperçu de son taf crucial dans la bande originale de film, chez Argento, Romero, Fulci et D’Amato entre autres 2. La raison de notre présence sur le site a-t-elle été à la hauteur ? OUI ! De grands classiques sont expédiés, accompagnés d’extraits vidéos des films concernés (Demoni, Zombie, Suspiria, Phenomena…), mais aussi des morceaux des albums Roller (1976) et Il Fantastico Viaggio del bagarozzo Mark (1978) le long d’une prestation virtuose de prog rock jonglant entre jazzy et néoclassique. Anxiogène et musclé pour l'occasion (le son est énorme, parfois presque trop quand la stridence est de mise) le show comprend aussi une danseuse. On ajoutera que peut-être tant de lights gâtent un peu les vidéos mais les putains de frissons sont là tout de même. ZEU concert du fest. Les délires de pop star destroy de M'sieur SHINING nous laissant invariablement de marbre, zappons donc vers l'autre scène hyéronimousée pour l'occase, comme c'est original. Du coup, on n'a jamais été aussi content de voir SATYRICON qui livre un concert spécial (pour le vingtième anniversaire de Nemesis divina) costaud mais souffrant cependant de temps à autres de menus problèmes de son, dommage quand on a un des meilleurs batteurs du circuit. Le frontman est vraiment habile et volubile et établit une réelle communion avec le public. Très, très bon concert malgré une recette classiquement trop chargée en claviers. Et cette fin sur l'inattendu King est ravissante, que vive donc la Norvège antique !

Zombie attaaaack !!! On n’en est pas encore au Morning after, car pour le moment c’est la nuit et TANKARD plante une jolie foire au milieu de laquelle Gerre tourne sur lui-même avec la grâce de l'hippopotame de Fantasia (on se demande comment il peut conserver un tel bide à bière tant il gigote sans arrêt). « On n’a jamais vraiment décroché le succès mais il y a un truc dont on est fiers : n'avoir jamais renoncé », tu l'as dit bouffi, car si les morceaux des deux premiers albums sont vraiment les meilleurs, TANKARD tabasse encore sec sur les autres, yes !!! Bilan : encore une paire de trucs et le fest sera quasi parfait : les vigiles et bénévoles sont exceptionnellement cool, l’offre de bouffe est variée (dont les meilleures crêpes de l'univers), la programmation est globalement intéressante, l’esprit metal règne et les costumes de banane ou de bite sont laissés dans le placard des comiques troupiers, restent toujours les problèmes d'interminables queues pour la bectance qui pourraient vraiment être résolus par exemple avec l'instauration d'un système de carte pré-payée comme aux Déferlantes, le cashless c’est la vie et si la chose a un coût, celui-ci serait rapidement compensé par le retour de tous ceux qui renoncent quatre fois dans la journée - et donc ne dépensent pas, malheur de malheur - à quérir les précieuses piécettes de plastoc. Fall of Summer, à l'année prochaine !

Spéciale Ged-y-casse aux acolytes du weekend Phil Guillou, Phil Herbaut et Olivier Meschine, vivement la revoyure les copains, et guettez vos boîtes aux lettres. Merci à Tara et Pierre, Sandrine & the Pélizer family, Fanny & Do, on the road again !

Fall of Summer #3 2016

1 voir Wolf Throne Festival - Jour 2 à Saint-Germain-en-Laye, La Clef le 09/11/13

2 voir GOBLIN [Ita] The Awakening Box set (Bella Casa / Cherry Red Recs) 2012

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