Chroniques concerts
14
Oct
2019
concert post rock béziers reportage

Passer à l’acte.

Car depuis le temps que l’on parle de ce groupe à cause d’un léger coup d’œil au feu-Nashville un soir de 2016 1, il était temps de découvrir un moment entier, le groupe proposant systématiquement en même temps qu’un concert une projection de vidéos intimement liées aux partitions.

Déjà, c’est le clip The Hancock, récent collage d’images et de musique hyper réussi mais pas forcément pour tous les publics, qui joue l’intro du concert en avant-première et en version soi-disant « light ». C’est pourtant du très lourd, du très bon pour préciser. Une version française pour ceux qui ne lisent pas l’anglais aurait néanmoins été judicieuse mais on s’en fout, nous, on a le diplôme ouaneuguènbistouflaï en poche alors tu penses, split screen, Kurt Vonnegut, noisy & melancholicontemplative post-rock, ça ne nous fait même pas peur. Et bam, deux inédits sont joués avant ceux de l'album 2.

Loin de n’être qu’une solide collection de pédaliers ou un joli travail de montage de vidéos, le spectacle, car on ne parle pas là d’un simple concert, tient du ciné-concert, voire de la performance mouvante : à cette ville par exemple, vue comme à la macro d'un dieu curieux, MR R. tisse une vie hors du temps des hommes, hors du rythme naturel, la bestiole te croque pour mieux t’anesthésier, t’hypnotiser, t’emberlificoter dans un doux cocon (les très confortables fauteuils de l’auditorium n’arrangent rien à l’affaire…) qui n’est déchiré que par des phrases, pas de place pour la réalité dans ce monde immensément mélancolique et pourtant si plein d’espoir dans le rêve.

Pour rejoindre les vaches sur leur plancher, on doit comme d’habitude dire notre pensée franche : les mots d’Ajax et sa belle voix profonde comme instrument à part entière sont une chose, et même d’importance cruciale dans la « montée » de certaines compositions (le génial Breathe en tête). Mais ne pas parler autrement aurait de notre point de vue amplifié l'impression de cocon-vivialité géniale caractérisant tout le début, d’autant que le silence n'empêchait pas les messages écologistes cinglants, encourageait même une poésie perso, chacun slammant alors ses mots dans son propre ciboulot. Le seul fait de nommer les morceaux en dit trop long sur l’entité, jouer la prestation en un seul bloc en silence, quitte à passer pour des zarbis, aurait été parfait pour le grincheux de service.

Globalement, on tient tout de même là un groupe hors-norme, simplement addictif et inspirant, on se verrait bien écrire plein de trucs à l’écoute de leur disque qui devrait se vendre par palettes. Vous avez sur ce site tous les renseignements qu’il vous faut, cherche et trouve.

Ouais, enfin, peut-être pas toi Herbert

1 voir MR R. [Fra] à Béziers, Nashville Pub le 16/11/16.

2 t’as Alzheimer ou quoi ? On en a causé là : MR R. [Fra] // (Autoprod / Gabu Recs - 2019). T’as même une interview à regarder là : MR R. [Fra].

[Et dire que ce n'est que le premier concert de la journée, à suivre ! On the fucking road again Thierry !]

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