Expositions / Salons
15
Aoû
2012

Suicide Weekend Part I: du car à vagissements au caravagisme, il n'y a qu'un pas !

 

[Le départ vingt-cinq minutes en retard, une habitude, de Saint-Jean de la Blaquière, village le plus mal desservi de l'histoire de France, pour Montpellier via Lodève (mate la carte si tu veux comprendre la signification du mot Nawak) avec au volant un forcené qui vient d'apprendre l'existence de l'accélérateur et conduit comme la soeur dans le Gendarme à St-Tropez, avec option vieilles chouettes chevêches chuintantes de la pire espèce et aux voix les plus horribles jamais entendues sur la planète, genre une flûte en os qui reproduirait la crécelle ensablée qui vont au marché et parlent plus fort que la tonitruante radio locale, yeeehaaah, Kô-Lanta mec, c'est de la rigolade à côté, je te fume sur la plage tellement suis un vétéran de toutes les guerres, pour être si fort aujourd'huiiiiiiiii !!! Twassjveudir ?!]

L'enchaînement outrancier, après la généreuse Suicide Week fin juin, est devenu le mot-clé de weekends culture bien chargés, pour faire la nique aux moutons qui s'ennuient devant Facebook et autres sports télévisés. Ici on dévore l'art comme d'autres des burgers, alors paye ta chute de dominos en quatre volumineux volumes: l'expo du Caravage à Montpellier c'est pour maintenant, à suivre après un compte rendu du film Starbuck, puis un sur la soirée Kick Ass à la Secret Place et ensuite un live-report sur une soirée des Déferlantes d'Argelès-sur-Mer, featuring Môssieur Sting Himself et les jumpants SPECIALS. A table, c'est prêt.

Première expo d'importance sur le sujet en France, Corps et Ombres - Caravage et le caravagisme européen, ce volet montpelliérain (son pendant est à voir à Toulouse au musée des Augustins) montre comment le caravagisme essaime en Italie, en Espagne et en France, direction le musée Fabre les copains pour s'en manger plein les mirettes.

Caravage ressemble un peu à Villon (tiens, voir là: Je, François Villon de Jean Teulé (Pocket - juin 2007)), une espèce de punk avant l'heure qui multiplie les anicroches au politiquement correct. Bagarreur et autodestructeur, homosexuel, on ne sait même pas comment il meurt à moins de quarante balais, mais on imagine le pire. Le mystère de cette étoile filante persiste encore quatre cents ans après sa disparition en juillet 1610, les chercheurs multiplient les hypothèses sur tout et son contraire. Violemment novateur dans sa façon de mêler peinture religieuse et trivialité de la vie quotidienne, il n'hésite pas à utiliser le naturel des gens crasseux de la rue de l'époque comme modèles pour humaniser voire sensualiser des sujets à priori intouchables.

Son clair-obscur légendaire se voit exposé sur une collection époustouflante dont des chefs-d'oeuvres à la puissance picturale phénoménale et à la fraîcheur incroyable (on parle quand même de peinture du XVIème siècle !) qui préfigurent l'école flamande comme le Sacrifice d'Isaac, le Jeune garçon mordu par un lézard, la Flagellation du Christ à la colonneSalomé recevant la tête de Saint-Jean-BaptisteSaint-François en extaseEcce homo, etc. Neuf peintures se partagent le haut de l'affiche.

Contrairement à ce que l'on pourrait s'imaginer, Caravage n'a pas d'élève mais va profondément influencer de nombreux peintres. Aucun cependant n'accède à sa virtuosité ni à ses couleurs totalement uniques. Les mêmes scènes reviennent souvent, les DanaëHolopherne et reniements de Pierre entre autres, les David et Goliath (celui de Borgianni avec le sang qui gicle comme dans un giallo !)... La suite de l'expo présente donc les différentes vagues de suiveurs du style, d'abord du vivant du Caravage puis après sa mort et bien plus tard : en vrac Louis FinsonGentileschiSeradineBaglioneSaraceniGuy FrançoisRiminaldiVouetManfrediValentinVignon (aaaah le Martyre de Saint-Matthieu brutal et péplumesque à souhait), mais aussi beaucoup d'anonymes.

Chez ceux des peintres qui s'en inspirent à de brefs moments de leur carrière il manquera systématiquement ce côté voyou et espiègle propre au Caravage, ces couleurs (Ce brun ! Ce rouge !) pures et non affinées, ce contraste diabolique entre ombre et lumière qui mènera au ténébrisme plus tard. Mais ces suiveurs déclencheront à leur tour des vocations par exemple à Naples ou à Séville. On finit par Georges de la Tour qui rappellera de bons souvenirs aux philatélistes.

Si les pseudo amateurs pédants pouvaient écraser cinq minutes au lieu de déblatérer n'importe quoi comme un guide de carnaval et éteindre leurs saloperies de téléphones, le bonheur serait presque à portée. Sinon, il serait juste tellement agréable d'être reçu comme quelqu'un de normal même si on s'affuble de bottes para, de treillis, de tatouages et de cheveux longs sans oublier le Tshirt MUTILATED (Clin d'œil aux amis Angel et Michel), vous croyez qu'il ressemblerait à quoi Caravage aujourd'hui ? A un employé de banque ?

 

© GED Ω - 15/08 2012

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