Chroniques Blu-Ray
02
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

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Genre : film noir y polar

Scénar : Federico de Castro a toujours un blues sur les lèvres, celui que sa femme Lina chantait le jour de leur rencontre avec Julius Smith à la Nouvelle-Orléans. Les deux amis dans leur camion se voient déjà rangés des voitures, Julius parle même de se remettre sérieusement à la musique après ce dernier voyage… Sauf que leur complice Vogel a forcément trahi car les flics qui les attendent au tournant savent pertinemment que quelque chose ne va pas à bord et tombent directement sur le chargement d'armes qui ne devait pas être si facilement découvert. Dix ans plus tard, encore à la Nouvelle-Orléans, le tout juste sorti de taule Julius remarque Lina dans la salle et joue ce fameux « Blues du toit » pour la faire réagir. Quand elle retourne chez elle où elle s'est remariée sans rien savoir avec un Vogel transformé en Radek, elle parle à son mari de la rencontre inattendue. Radek se montre gêné mais, les chauffards font parfois des heureux, Julius finit très vite écrasé par une voiture. Le commissaire Fenton sent qu'il tient une affaire pas ordinaire avec ce Radek devenu subitement richissime et puissant. Gros hic il y a quand le même Radek reçoit une lettre qui le catastrophe : voilà que Castro serait lui aussi encore en vie et en rogne, le truand commence à baliser sévère…

La monstrueuse filmographie de Jess Franco n'a pas fini d'être exhumée et c'est tant mieux : ce film bien sûr évoqué par Alain Petit dans son inattaquable bible Jess Franco ou les prospérités du bis, s’insère entre les deux premiers films d'horreur de Franco (L'Horrible docteur Orlof, dont on retrouve ici une partie des acteurs, et Le Sadique Baron von Klaus) quelque part en 1962. La Muerte silba un blues (pardon, mais tous les autres titres ne valent pas tripette et au passage on peut aussi lire La Mort siffle un blues et autres histoires de Gabriela Alemán chez L’atinoir  !) permet à Franco d'injecter un fois de plus les ingrédients qui ne vont pas tarder à devenir obligatoires, à commencer par les noms de ses personnages que l'on retrouve absolument partout et pour cela aussi il faudra lire le livre d’Alain Petit, on en profitera également pour en apprendre plus sur un des producteurs (apparemment officieux dans le cas de ce film), Marius Eurociné Lesoeur. Au boulot !

Dans ce monde à la géographie fantaisiste et mouvante (on parle de studios à Séville pour ces sortes de Caraïbes rêvées), on ne s’étonnera pas de beaucoup de classicisme avec cette histoire qui rappelle à la fois les films noirs des années 40 et leur atmosphère trouble et vénéneuse et ceux des deux décennies suivantes (Jean Sacha, Bernard Borderie et compagnie ne sont pas loin). Malgré l'aspect bricolage du scénario signé en partie par le réalisateur lui-même, celui-ci réussit comme souvent à tirer le meilleur parti de ce que l'on lui a mis à disposition : la photographie est particulièrement belle, parfois pas très éloignée de l'expressionnisme, les personnages sont attachants (ici on aime beaucoup quand on fait intervenir les laissés-pour-compte, les apache, les rebelles, du bon côté de la morale de l'histoire, ces deux champions noirs de bras de fer et leurs potes à la trogne pas possible sont tout à fait réjouissants). La musique, pour laquelle Franco a mis aussi sa main la pâte (parties jazz) est également très réussie, on ne sait si Antón García Abril y a pris part mais le final entre jazz et musique contemporaine est franchement chouette !

Faisons l'inventaire : exotisme (on trouve même un type avec un fez sur le citron, comme dans tous les sous-Casablanca du monde entre autres), très belles femmes (Lina, Moiraaa, Rositaaaaa !) qui font tourner la tête aux sales tronches dans des cabarets de rêve, bagarre, poursuites de voitures à l'ancienne, intrigue compliquée, tout ça entre les jolies parenthèse d'un générique à la police d'écriture de machine à écrire très chouette = une très jolie cuvée, peu importe l'année de sortie, c'est en 2023 chez Artus Films, « sous vos applaudissements » ! Et dans le même genre, lisez Chasse à la mafia (Riffi en la ciudad) de Jess Franco (avec Fernando Fernán Gómez, Jean Servais, Laura Granados, Antonio Prieto, Robert Manuel, Maria Vincent, Dina Loy, Agustín González, Manuel Gas, Luis Marín…) 1963 Réédition 2023 - AP 036 !

Bonus : « Franco a sifflé un blues » - et sûrement mieux qu'avec le saxophone dans le film au passage - (présentation par Stéphane du Mesnildot, 24’), diaporama… Le film intégral et restauré est livré dans un combo digipak BluRay / DVD

Infos / commande : https://artusfilms.com/jess-franco/agent-077-operation-sexy-397

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