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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : flic ou voyou ?
Scénar : à l'époque de Noël, les bouchons se multiplient au centre-ville mais quand vous restez chez vous, ça ne dérange pas. Enfin sauf si quelqu'un vous tire comme un lapin en plein milieu du salon comme c'est le cas pour un certain Romanis. Dommage, l’avocat Fontana avait chargé le commissaire Stefano Belli, chef du service de l'immigration qui prend beaucoup de libertés avec le règlement intérieur, d’enquêter sur lui au sujet d’une éventuelle arnaque visant son fils Mino. Fontana veut aussi faire sauter le visa d'une fille qui profite de ce même fils et dilapide sa fortune. Belli, contre une forte somme bien sûr, se précipite rendre visite à la femme qu’il accuse de détournement de mineur puisque Mino n'est pas majeur. Sandy lui certifie que c'est le jeune qui lui court après, menace de faire du scandale, joue la séductrice mais c'est inutile, Belli ne pliera pas. Il se rend ensuite chez le fameux Romanis, trouve l'appartement chamboulé, son cadavre et les flics qui sont sur l'affaire se demandent bien ce que Belli pouvait bien foutre là. Commence le jeu du chat et de la souris, les enquêtes se poursuivent, Belli découvre par exemple que la maîtresse de Mino était aussi la maîtresse de Romanis, elle finit par avouer qu’elle a trouvé son cadavre mais ne l'a pas tué. Mouais !
Macchie di belletto, titre du roman dont est tirée l'histoire, était aussi celui que voulait conserver Romolo Guerrieri pour le film, il ne fut pas exaucé même si le film eut plusieurs titres dont celui-ci pas très malin d’Exécutions, ou Un détective (sans parler de toutes les versions pour l'international). Ce Taches de peinture est, comme très souvent à l'époque dans un film de ce genre, nanti d’un beau casting chez les gentils (si on en trouve) comme chez les méchants. Franco Nero, qui était d'une beauté incroyable et que l'on a vu dans des rôles plus admirables, est néanmoins très bon dans les rôles de personnage très, très, très désagréables et aux méthodes pas du tout orthodoxes (la roulette russe en voiture par exemple est une invention géniale pour faire parler un témoin), on a même envie de casser la gueule à ce type violent et cynique qui joue sur tous les tableaux pour gratter du pognon et joue à cache-cache avec les autres flics (dont, attention, le chef de groupe incarné par Renzo Palmer, lui aussi sans sa moustache de base, semble être bien plus malin que les autres) pour mener lui-même ses petites affaires ici très juteuses. Le film est le premier d'un diptyque avec le même personnage, le second volet, Le Témoin à abattre, sortira en 1973 avec aux commandes le propre neveu de Romolo, Enzo G. Castellari. Ah, au passage cette famille de cinéma se singularise par un petit jeu qui oblige chaque membre à changer de nom pour se démarquer de l'autre. En effet, Romolo Guerrieri est le frère de Marino Girolami et le père d'Enzo G. Castellari.
Tous les personnages auxquels Belli est confronté sont plus retors les uns que les autres mais ce sont les femmes qui emportent la palme : l’icône brésilienne Florinda Bolkan (Vera) et son étrange façon de regarder les gens (elle fera la joie des amateurs de cinéma populaire sous la direction de « petits » maîtres tels que Damiano Damiani, Giuliano Montaldo, Enrico Maria Salerno, Elio Petri, Lucio Fulci, Michele Lupo mais pas que puisqu’elle sera aussi à l’affiche des Damnés de Luchino Visconti et tournera avec Vittorio De Sica, si on ne se cantonne qu’à l’Italie !), Delia Boccardo (Sandy) a hérité ici une coiffure absolument dégueulasse mais garde bien ouverts de grands yeux tout à fait déstabilisants, Susanna Martinková (Emmanuelle) roule pour sa part en Ferrari jaune et claque du pognon à donf’, sûrement pour cette impressionnante tignasse amovible. Comme dans les films noirs américains - Raymond Chandler aurait d’ailleurs été une influence pour le réalisateur qui ne voulait pas donner dans le polar d’action classique -, le rythme général du film est un peu lent mais régulièrement électrisé par des éclairs de violence qu'on ne voit pas forcément arriver tout de suite. On tient là un bon film, tordu mais assez captivant dont on retiendra aussi la chouette musique entre jazz et blues.
Bonus : « Des tâches sur l’uniforme » (présentation du film par Curd Ridel, 34’), « Traces de maquillage » (entretien avec Romolo Guerrieri, 13’), Souvenir de Franco Nero (1’), diaporama, bandes-annonces originales de la collection
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