Chroniques cinema
25
Jui
2010

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : documentaire

 

« Voici l'histoire d’un pays qui n'existe plus sauf au cinema » : la Yougoslavie, pays où le cinéma est propulsé haute priorité du régime du maréchal Tito car celui-ci se révèle être un grand cinéphile mais aussi parce que les films sont de redoutables armes de propagande (et d’auto-promotion, cela va sans dire), une idée du cinéma héritée des soviétiques. Loin de la grisaille visuelle d’Epinal de derrière le rideau de fer, les images de la construction d’un Hollywood européen, la gigantesque Cité du cinéma (à partir de 1947), présentent de belles jeunes femmes pleines de courage et de beaux mecs au faciès rude : l’image d'un pays jeune et positif, très dynamique. Et aussi délicieusement kitsch.

En 1948 survient l’inévitable cassure avec Staline d'où l'arrivée soudaine dans le pays des films occidentaux dont se goinfrera Tito pendant trente-deux ans : son projectionniste et fil rouge du film, Aleksandar Leka Konstantinovic, lui en montrera 8801 sur la période ! Quand il faudra évoquer son oeuvre militaro-politique sur grand écran, Tito s'impliquera personnellement dans la conception des films, annotant les scripts avec ses avis. D’innombrables sagas de partisans sont tournées, évidemment, avec de plus la participation aux tournages de militaires, parfois prisonniers de guerre ! mais aussi de civils faisant de Velimir Bata Zivojinovic par exemple une star interplanétaire dans la sphère communiste.

 L’arrivée du sulfureux Ratko Drazevic lance de prestigieuses coproductions (Les Drakkars avec Richard WidmarkGuerre et paix avec Anthony HopkinsMarco Polo avec Alain DelonSutjeska avec Richard Burton dans le rôle de TitoLa Bataille de la Neretva avec Yul BrynnerOrson Welles et Franco Nero (qui a à son palmarès une affiche signée Picasso et la véritable destruction d'un pont avec l'accord de Tito, si c'est pas du soutien à la culture locale ça !)… Une sorte d’âge d’or couronné par des retransmissions au festival du film (1954-1990) qui a lieu dans les arènes romaines de Pula devant une immense foule fervente !

On ressent beaucoup de nostalgie de l’époque titiste dans les nombreux témoignages, un sentiment qui, même hérité du culte de la personnalité imposé pendant de longues années, ne serait de toute façon pas très étonnant après les horreurs d’il y a (déjà) plus de vingt ans. Une sorte de syndrome de Stockholm fera couler les larmes de ceux qu'il avait unis sous son règne sans partage car sa mort en 1980 fissurera l'état qui s'écroulera rapidement après, onze ans plus tard. D’ailleurs, on ne voit pas beaucoup les stigmates des guerres des années 90 à part la résidence de Tito bombardée par l’OTAN, mais c’est un autre sujet.

Résultat de quatre années de travail, Cinema komunisto est un très beau documentaire parfois hors du temps, dans une bulle où la mythologie et le rêve ont leur place, ce qui n’empêche pas qu’à Belgrade, Avala Films devient un Almeria tristement à l'abandon, il y a ici un TRÈS grave danger d’oubli d’un pan méconnu de l’histoire de l’Europe ainsi que le risque que le délabrement entraîne aussi la faillite et le chômage pour le personnel du lieu en perdition ainsi que la déliquescence du cinéma local. « Nema problema », on est là pour en parler, allez voir ce film over-primé dans les festival internationaux  !

 

© GED Ω - 25/03 2015

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