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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : thriller
Scénar : « Je vous ai compris » qu’il leur a dit le 4 juin 1958… Mais dès lors le torchon brûle entre le Général et une partie de ses généraux dont une partie fonde l’Organisation armée secrète - ou OAS - en réaction aux promesses d’indépendance à l’Algérie. Un des leaders, le général Challe, est arrêté et emprisonné à Tulle d’où ses partisans vont tenter de le faire s’évader malgré un manque de moyens considérable. Mais déjà la police s’affaire et le commissaire Lelong met la main sur le chef du réseau que le commandant Clavet remplace direct. Pour financer l’opération, un hold-up sera nécessaire mais après celui-ci, aux grands maux les grands remèdes, la police va mettre les bouches doubles, les têtes vont commencer à tomber autour de Clavet…
Les images d’archives en intro et la musique parfois angoissante de Michel Magne sont très efficaces pour installer le climat tendu et violent de l’époque et Le Complot restitue assez bien l’atmosphère délicate de 1962 et ses questions : qui suivre, et dans quel but ? Doit-on pour un certain idéal aller jusqu’à sacrifier des innocents ? Doit-on craindre une guerre civile avec l’escalade de la violence ? Si oui, qui est légitime à la gagner ? En filigrane, René Gainville a aussi instillé la mélancolie d’un mouvement qui hésite entre le renoncement et le jusqu’au-boutisme des désespérés, d’où un film exempt de véritables gentils et de méchants, chacun fait ou croit faire son devoir sans véritablement lutter avec sa conscience. Même les atermoiements moraux de Clavet ou du divisionnaire Lelong ne les sauveront pas de l’ordre donné plus haut.
On note une superbe galerie d’acteurs : Michel Bouquet, toujours très impressionnant dans le rôle d’un fonctionnaire glaçant (bien qu’il éprouve une certaine répugnance à traquer ceux qu’il considère comme des hommes d’honneur, ce qu’ils ne sont pas tous, loin de là, chez l’OAS), Jean Rochefort (formidable dans la peau d’un officier désabusé mais déterminé dans le même temps), Raymond Pellegrin (fidèle à lui-même, très bon et sa voix fonctionne si bien dans la menace), Michel Duchaussoy, Maurice Biraud, Gabriele Tinti, Robert Castel, Dominique Zardi, Daniel Ceccaldi et Marina Vlady, que l’on aperçoit que trop peu, seule femme qui compte dans ce monde ultra-masculin de l’armée.
Le Complot, c’est aussi l’évocation - certes discrète - de la torture, du traumatisme des soldats rappelés, de la suspicion omniprésente, de la violence froide des attentats qui pousse les différents services de renseignement et de police à se tirer la bourre sous la pression d’une hiérarchie qui fulmine devant les gros titres de la presse, un très bon film parfois quasiment documentaire sur une énième sombre page de l’histoire de France dont il est toujours compliqué de parler aujourd'hui.
La phrase du film : « On peut tout reprocher aux militaires, sauf d’être inexacts. On devrait les recycler à la SNCF… »
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