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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : maison hantée
Scénar : « Une vieille demeure de sinistre apparence » est réputée pour porter malheur, on n’y compte plus les accidents, les morts suspectes, les suicides… Depuis « les morts sont très agités au Castel », c'est pourquoi John Markway, fasciné par le lieu et son histoire, va le louer à sa propriétaire et entend y faire une expérience : l’anthropologiste va s'installer avec ceux qu'il nomme des « auxiliaires », des gens choisis pour avoir été liées à des événements qu’il qualifie d'« anormaux » ; ils l'aideront à authentifier les découvertes éventuelles au cours de ses recherches obstinées sur le surnaturel. Les propriétaires imposent la présence de leur neveu déluré qui héritera de la maison quand il sera temps. Il s’ajoute ainsi à deux femmes : Eleanor qui vit sous la coupe de sa sœur et de son mari et voit dans cette aventure des vacances, mais ressent à son arrivée de l'effroi à la vue de cette bâtisse lugubre, comme si la maison la regardait, et Theodora, qui insuffle un peu de vie à celle qui se voyait déjà mourir de peur. Les quatre commencent à explorer le lieu qui semble vouloir faire sentir qu’ils n’y sont pas tout seuls. « La maison est vivante », qu’y disaient…
Comme par exemple dans Psychose, l’architecture et l’aura macabre de la maison explique tout : on va avoir affaire à un film d’épouvante, et les personnages qui en passeront les portes seront les souris d’un chat-destin malicieux et…impitoyable. La musique lugubre d’Humphrey Searle, les superbes images d’expressionnisme tardif en noir et blanc splendide et cette sorte de contemplation sur des décorations que l'on pourrait qualifier de légèrement excentriques, bizarres même, et au fond assez effrayantes (ces statues colleraient les jetons à n’importe qui en pleine nuit dans une maison étrangère), tout est prévu pour expliciter les frayeurs des personnages dont on entend parfois la voix intérieure : Markway débute en se réjouissant presque de la biographie atypique du lieu, est à la recherche ce qu'il nomme la « clé d'un autre monde » tandis qu’Eleanor, qui n’a nulle part où aller et à qui on a, parlons franchement, volé sa vie, se sent de plus en plus attirée par la maison. Pas de voix off pour Theo ou le jeune Luke, caution terre-à-terre du groupe qui croit à la science et se moque plutôt des superstitions, des doutes ou des croyances des trois autres.
Quand on y pense a posteriori, la mise en scène sans artifice aucun (pas de sang, pas de monstres, allez chercher ça chez les montreurs de foire, ici la psychologie, para- ou pas, est de sortie) et les prises de vue virtuoses ont dû inspirer la frayeur au public, les évanouissements ont forcément dû être légion dans les salles de cinéma de l'époque, encore peu habituées à ce genre de climat horrifique, à ce point de vue cruellement suggestifs. Il serait étonnant que la saga Amityville n'ait pas été inspirée, au moins graphiquement par ce film, instantanément devenu un véritable classique et qui fera l'objet d'un remake pas dégueu réalisé par Jan De Bont en 1999 sous le titre de Hantise 1. Il est tout de même à noter que ce film a été basé sur le scénario de Nelson Gidding qui adapta le récit de Shirley Jackson (The Haunting of Hill House, publié en 1959) et qu’on pourrait de temps en temps féliciter un peu les décorateurs et les gens qui dénichent ce genre de lieux géniaux qui peuplent pour toujours l’histoire du cinéma fantastique et horrifique, cette baraque est tout simplement culte (en fait, il y en a trois, mais bref), mais pour une chambre d’hôte, on vous la laisse !
1 voir Hantise de Jan de Bont (avec Liam Neeson, Catherine Zeta-Jones, Owen Wilson, Lili Taylor…) 1999.
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