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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : revolución mejicana all’italiana
Scénar : dans le Mexique de 1910, on colle un paquet de types dos au mur, un peloton d’exécution complétant un tableau bien connu. Innocents ou non, qu’ils crient « Vive le Mexique ! » ou non, leur destin est tout tracé. La révolution mexicaine n’en est qu’à ses débuts que les différentes factions politiques mais aussi les bandits qui veulent profiter de la situation se battent tous les uns contre les autres dans un chaos indescriptible. Le bandit Chuncho est plutôt du genre roublard : après s’être annoncé par des tambours très martiaux, il détrousse avec ses hommes - dont son frère illuminé El Santo - l’armée régulière de ses fusils pour les vendre aux guerilleros. Un gringo de passage qui a l'air de se foutre complètement de ce qu'il est venu foutre dans cette révolution prend de son côté le train vers Durango, le terminus, et tout en se faisant passer pour un prisonnier, sauve d’une manière étrange la vie de Chuncho qui l’adopte et le baptise Niño. Désormais membre de la troupe, il constate comme d’autres combien la réalité de la guerre change Chuncho qui prend désormais fait et cause pour la lutte contre l’oppresseur au détriment de l’empilement de richesses. Il y a de la mutinerie dans l’air !
Tout simplement un des piliers du western européen d’autant qu’il inaugure presque à lui tout seul le courant zapatisto-révolutionnaire sur lequel surferont tous les maîtres du genre (clique donc sur le mot-clé révolution mexicaine par exemple), El Chuncho c’est d’abord son réalisateur, Damiano Damiani, type génial qui œuvra en tant que scénariste avant de bâtir une œuvre nettement ancrée à gauche et livrant souvent des réquisitoires cinglants face aux inégalités sociales, n’hésitant pas à taper sur la corruption, la dictature, le crime organisé avec la même force. Il réunit ici un ensemble d’acteurs fabuleux, de Gian Maria Volontè (merveilleux d’intensité comme souvent) à Klaus Kinski (jamais personne ne pourra jouer les dingues aussi bien que lui) en passant par Martine Beswick, Lou Castel (marquant !) ou Aldo Sambrell, se fait servir sur un plateau une bande originale très réussie de Luis Bacalov (quel est le véritable rôle, peut-être simplement honorifique, de maestro Morricone là-dedans ?) et se fera aussi remarquer par un travail de photographie à la hauteur du reste.
Peu importe alors que les cactus ne soient « pas tout à fait » authentiques pour coller au lieu de l’action, les images mythiques se succèdent, de ce train stoppé net à cause d’un officier enchaîné aux rails qui n'en mène pas large, de ce disciple de Dieu qui demande à ses gars de ne pas dépouiller les « rurales » morts après les avoir impitoyablement massacrés, de ce bonhomme qui ne s'aperçoit pas s’être fait descendre et qui s'écrie soudain « Il m'a tué ! Il m'a tué ! », de cette voiture qui annonce la mécanisation de ce XXème siècle qui commence à peine… El Chuncho c’est aussi beaucoup d'action et beaucoup d'humour comme dans nombre de films italiens du même genre, mais aussi un discours politique sous-jacent qui n’y va pas par quatre chemins : pourquoi se casser le fion à aller chercher une baguette quand on peut se procurer…de la dynamite ?!
Bonus : Alex Cox à propos de El Chuncho (présentation du film par le réalisateur et auteur du livre 10 000 façons de mourir, un passionné comme il y en a peu qui n'hésita pas à traverser la Manche pour travailler chez les films Marbeuf afin de pouvoir étancher sa soif de nouveautés, yeeehaaah ! 10’), « El Chuncho, le western révolutionnaire » (entretien avec Lou Castel de 2004, 18’), bande-annonce internationale
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