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Genre : drame dans l’Ouest
Scénar : on offre désormais 10 000 dollars pour la tête de Jesse James dont les braquages défraient la chronique. Juste après avoir attaqué une banque et sauvé de justesse son complice Robert Ford, James se met au vert et vit avec sa femme dans le Missouri sous un faux nom. Elle vit mal la présence du gang dans sa maison, elle conseille même à Robert de rejoindre Cindy Waters, la femme dont il est amoureux, et de fonder une famille et une ferme. Quand Robert va voir Cynthia, il rencontre John Kelley, un homme qui se désole pour Cynthia de la voir jouer dans des pièces minables et nourrit visiblement d’autres sentiments que l’altruisme. Cynthia regrette que Robert ne soit pas redevenu ce qu'il était, un fermier, mais il lui dit qu'il va quitter le gang à cause de l’amnistie promise si quelqu'un balançait Jesse à la justice. Quand Jesse offre un flingue magnifique à Robert, il ne se doute évidemment pas que son ami le retournera contre lui. Il se rend ensuite aux autorités mais une fois libéré, une véritable malédiction semble le suivre : alors qu'il l'a fait pour être près d'elle Cynthia le rejette, il cherche alors du travail et se fait vainement engager pour mimer la scène du meurtre au théâtre, ce geste épouvantable à cause duquel le monde semble ligué contre lui…
Samuel Fuller aura trouvé sa vocation, on l’a vu précédemment, dans les tréfonds de l’horreur 1. De scénariste vivotant dans les bas-fonds d’Hollywood (il a écrit un quinzaine de scénarios entre 1934 et et 1949), il choisit de devenir cinéaste, il écrit et réalise ce premier western où il y raconte, comme le titre l'indique, la triste destinée de Robert Ford, le personnage tourmenté par excellence, qui semble ne trouver sa place nulle part après avoir mis fin lui-même à son histoire et voulu devenir un honnête homme. Son geste irréparable, le meurtre d’une balle dans le dos de son ami célèbre dont on écrivit des romans et des chansons (la scène du guitariste qui lui chante en face la légende de sa lâcheté est assez incroyable de tension dramatique) le condamne à errer partout comme un mort-vivant, tous les efforts faits pour contenter la société le renvoyant systématiquement dans les cordes. Le personnage de John Kelley, qui finit par de son côté accepter le fardeau de l'exercice de la loi, est tout aussi intéressant (il s’engage aussi à un moment dans une bonne grosse bagarre de saloon, don’t mess with him !) dans ce drame où quand on y pense n’interviennent que de très beaux et bons acteurs (John Ireland en tête). Il y a plus de film noir et de drame dans ce western, il y a même de la tragédie.
1 voir Falkenau, Vision de l'Impossible : Samuel Fuller témoigne de Emil Weiss (1988)
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