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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Cette histoire est quasiment connue de tous mais il semble devoir être obligatoire de la rappeler
systématiquement tant ceux qui se voient eux-même lutter contre une prétendue propagande se fourvoient en alimentant le brasier du mensonge avec une autre, bien plus destructrice, on l'a vu tout au long du XXème siècle.
Si c'est l'infatigable satiriste français Maurice Joly, auteur en 1864 d'un pamphlet contre le dictatorial Napoléon III « le petit », qui est au bout du viseur d'Eisner, Umberto Eco, qui signe l'introduction, cite d'autres sources plausibles pour expliquer un des mythes les plus marquants depuis sa naissance au début du XXème siècle : Les Protocoles des Sages de Sion, tissu de conneries encore imprimé de nos jours dans d'innombrables pays.
Du Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu de Joly, on fabrique trente ans plus tard un autre texte à destination du tsar Nicolas II de Russie à cause de ses velléités au libéralisme qui n'arrangent pas la noblesse. Pourquoi ne pas coller sur le dos des juifs les problèmes du pays, par exemple la révolte qui gronde en 1905 ? C'est Mathieu Golovinski, indicateur peu scrupuleux de l'Okhrana, police secrète du régime, qui est chargé de l'incrimination des juifs aux yeux du souverain et la machination circule vite et bien, elle est même beaucoup lue lors de la révolution russe et plus encore après, pendant les réflexions au sujet de la fondation d'un éventuel État juif. Alors que l'on démontrera la supercherie régulièrement à partir de 1921, elle finira sur la table de chevet d'un certain Adolf Hitler qui s'en inspirera largement.
« J'ai passé ma vie à mettre le dessin au service de la narration. Avec l'acceptation généralisée de ce vecteur de la littérature populaire, l'occasion se présente d'attaquer de front cette propagande dans un langage plus accessible. Mon espoir est que ce travail enfonce un clou de plus dans le cercueil de cette terrifiante imposture aux allures de vampire » déclarait Eisner qui s'est malheureusement éteint l'année où a été publié ce livre essentiel pour comprendre la naissance d'un des pires poisons de papier, mais chaque lecteur qui ouvre les yeux est un hommage à son œuvre diablement bien dessinée / découpée.
143 pages en noir et blanc, 19 €
ISBN : 2246686016
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