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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : Château-Trouillard
Scénar : en 1634, en pleine chasse à courre, Anthony de Canterville est surpris avec la fiancée d'un autre, mais, blessé, il ne peut se battre en duel. C’est son frère Simon qui le fera à sa place. Mais après une astuce de son adversaire, Simon s'enfuit et sera emmuré là où il s'est lâchement dissimulé, question d'honneur. 300 ans plus tard, le château anglais est toujours évité par tous de peur de tomber sur son fameux fantôme. Jusqu'au jour où des soldats américains sont hébergés dans la bâtisse. La jeune descendante de la famille se décide, « noblesse oblige », à aller accueillir les soldats malgré la présence du fantôme. Les soldats américains qui arrivent avec leurs manières frustes et commencent à prendre leurs aises, voient arriver en même temps que le thé une milady qui n'est autre qu'une petite fille, alors que tout le monde se frottait déjà les mains devant une éventuelle belle jeune femme. Jessica ne semble pas très impressionnée par tous ces soldats à qui elle apprend bientôt l'existence du fantôme. Et à ceux qui rigolent, elle dit qu'ils feraient mieux de se méfier. Car dès minuit pile, au tonnerre s'ajoutent les chaînes et les bruits bizarres, les rires déments et l’apparition de ce gros homme lumineux. Mais…
Est-ce sur l’insistance de Charles Laughton ou pas, Jules Dassin reprend en tout cas le tournage de ce film quand Norman Z. McLeod le quitte un mois après son début. On ne pourra donc reprocher à l'américain cet énième changement de registre et cette histoire plus classique après une comédie de mœurs assez réussie, Young Ideas 1. Cette adaptation du célèbre conte d’Oscar Wilde, resituée pendant la seconde guerre mondiale qui fait rage dans le même temps, voit l’imposant monstre sacré Charles Laughton transformé en ectoplasme pleutre malgré une définition pour le moins exagérée du Dictionnaire des Fantômes célèbres d'Angleterre, qualifiant celui de Canterville comme de loin le plus effrayant. Il y a de quoi rire, car si Simon Canterville n'était déjà pas un très bon chevalier, il n'est pas non plus un très bon fantôme puisque les soldats américains, en se déguisant eux aussi en fantômes, réussissent à lui ficher une frousse d'enfer ! Malheureux et très touchant, feu Simon trouve avec l'aide d'une enfant assez intelligente un moyen d’annuler le sort ! Cette gamine est interprétée par l’impressionnante Margaret O'Brien qui joue comme si elle avait fait ça depuis la naissance et débine des tartines de texte avec grand talent !
Comédie fantastique pour toute la famille, Le Fantôme de Canterville contient une petite série de scènes très drôles : celle où les soldats font les malins avec la tâche de sang qui est censée être effacée par leur super produit nettoyant, ou celle de la danse par exemple, plutôt rare avec quasiment que des hommes à la manœuvre ou presque (puisque la petite « Milady » fait aussi des merveilles là-dedans) sans oublier la course folle de Canterville sur son obus, chose qui n’est pas sans rappeler les aventures du baron de Munchhausen et préfigurer Dr. Folamour, autres grands farfelus du monde des contes modernes. Bien évidemment, par rapport aux effets spéciaux d'aujourd'hui le film fait un peu pitié (ah, death-y-dément ces peintures et décors de studio ne sont pas très jolis) mais on passe un bon moment quand même avec ces soldats qui en font des tonnes au lieu de jouer la propagande comme beaucoup d'autres à la même époque tourmentée. On pourra noter dans la liste des acteurs à l'affiche le nom d'un personnage dont on parlera bien plus dans les décennies suivantes, Peter Lawford (le Canterville fautif, c’est lui !), un acteur anglais qui un peu plus tard deviendra à la fois membre de l’informel Rat Pack de Franck Sinatra et…américain.
1 voir Young Ideas de Jules Dassin (avec Susan Peters, Herbert Marshall, Mary Astor, Elliott Reid, Richard Carlson, Allyn Joslyn, Dorothy Morris, Frances Rafferty, George Dolenz, Emory Parnell…) 1943
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