Chroniques concerts
17
Mai
2012

Pour raconter une bonne histoire, il ne faut pas oublier de planter le décor, fixer les circonstances.

La Jacklio roule vers le Castellet où l’accueil étrange de la poussière spatio-temporelle - nous sommes après tout à proximité de Cuges, fin proverbiale du monde - laisse soudain apparaître un parking plutôt bien rangé, pas forcément surchargé, l’espoir, malgré une attitude assez nonchalante de la sécurité à l’entrée, d’un accès rapide au site se dessine dans un ciel relativement bleu. Descente de la caisse et pas de gymnastique vers les grilles, un groupe de pop pour adolescents joue déjà, il ne faut pas louper ça, comme de bien entendu... Sauf que le scénario simple s’arrête là. Figurez-vous, valeureux lecteurs, qu’au Mini Festival (rassemblement de petites tutures que tout le monde connaît), c’est la maxi-embrouille pour accéder à ce pourquoi tu as raqué. En effet, les lamantins édentés qui nous indiquent un hangar ne se doutent pas qu’ils vont déclencher chez l’équipe de fiers héraulto-bouchesdurhôdaniens une immense lassitude d’habitude allouée aux organisateurs, chacun son boulot hmm ? 

 

Aux abords de ce fameux hangar nous pouvons découvrir (avec horreur s’entend) une formidable queue jusqu’à des bureaux rappelant la CAF un jour de lendemain de grève. Une fois compris que sur les deux files il vaut mieux ne pas se tromper sinon l’attente semble pouvoir durer plusieurs jours, voici l’ingénieux plan concocté par les organisateurs, forcément farceurs ou consommateurs de produits euphorisants : les billets super moches téléchargés sur la toile s’échangent ici contre un pass plastifié avec cordon (normalement dévolus aux groupes et à l’organisateur, va savoir combien coûte, et pour la tirelire Mini, et pour l’environnement, la fabrication de tout ce fatras qui inclut aussi un mousqueton permettrant d’accrocher, telle une burne annexe, une (mini, forcément) bouteille de flotte aux passants de ton pantalon. La classe intégrale pour la plage. Ok, une énorme demi-heure plus tard (quelle est la part d’attente totale sur une vie d’homme Petit Scarabée ?), dirigeons-nous prestement vers les grilles. C’est louche, pendant que les intellectuels de notre sorte piquent direct vers les portes, d’autres semblent faire le tour d’une loooooooongue piste d’essais de bagnoles, qui roulent d’ailleurs un peu anarchiquement dans tous les coins... Louche hein ? Une fois arrivés face à face avec un protozoaire de piètre qualité affublé d’un talkie-walkie qui lui donne sa dose annuelle de pouvoir, la phrase fuse, telle une étoile filante de logique : « ben ici vous comprenez, c’est une sortie, pas une entrée... ». Le mini bovin, qui vient de laisser passer des gens et qui voit pourtant que nous ne sommes qu’une poignée, s’empresse de nous indiquer, comme s’il s’adressait au degré zéro du cerveau humain, de revenir au point de départ pour finalement faire le tour de la fameuse piste. Pour en finir avec cette intro qui sera plus longue que le reste mais qui se devait de préciser que le Mini Festival est sûrement le pire festival visité depuis des années, soyons précis : arrivés à 19 heures et des bananes sur place, c’est à 20h30 que nous arrivons sur la zone concerts, après avoir évité divers véhicules qui circulent un poil n’importe comment n’importe où. 

 

Côté zique les copains, la presqu’unique raison du déplacement de la Church dans ce merdier, Hubert-Félix Thiéfaine, ne tarde pas à monter sur scène (forcément les premières parties sont toutes déjà passées) avec sa formidable formation. Comme l’année précédente (voir HUBERT-FELIX THIEFAINE [Fra] + ARCHIMEDE [Fra] à Montpellier, Zénith le 30/11/11), le dernier grand poète de la chanson française atomise l’auditoire avec une sélection de morceaux mettant en concurrence passé et présent, la palme revenant, vraiment, à ses morceaux les plus récents, comment ne pas se laisser emporter par de superbes pièces comme la Ruelle des morts ou le vibrant Fièvre résurrectionnelle ? Un grand concert, trop court d’une heure à peine, mais un immense plaisir qui demande d’innombrables suites avec autant de lumière et par contre peut-être un peu moins de son qui, c’est le moins que l’on pourra dire, est loin d’être mini... 

 

Aucune surprise musicale du côté des STOOGES de l’Iguane Pop, le groupe jouant invariablement bien et fort en death-y-dément toutes circonstances, un petit régal proto-punk. Ceci dit la démarche d’Iggy, ressemblant de plus en plus à la goule squelettique des Contes de la crypte, s’apparente à celle d’une étrange bestiole genre une araignée à qui un imbécile aurait balancé un coup de latte. Le préposé au fil de micro a fort à faire avec le père Iggy qui descend comme d’habitude au contact des premiers rangs et donne l’impression en donnant du mou puis en tirant sur le fil d’être un montreur de tigre qui retient un fauve. Même cabossé, le terme de fauve est plausible avec un bonhomme qui gigote autant, n’hésite pas à se baver dessus et donnant l’impression qu’il fait une permanente crise d’épilepsie. Ayant fêté ces soixante-cinq putain d’années le vingt-et-un avril, on ne saurait conseiller aux mous de la fesse qui se réclament de l’Iguane d’aller faire un stage au contact du monsieur !! He’s gonna be your GOD !! 

 

Deux superbes concerts (on évitera de parler de la prestation suivante, Martin Solveig, qui se contente de passer des disques et d’enchaîner NIRVANA à LIPPS INC, où est la composition dans ce fourbi de carnaval ?!) et une spéciale Ged-y-casse à Virginie,CamilleJackieArnaud et Henri le Professeur à qui, maintenant c’est sûr, personne n’arrive à la cheville. « Depuis qu’on est partis » !!!

Les mots-clés :

Quelques chroniques en vrac