[1998 ? L’apéro avait battu son plein au point que la quantité l’alcool ingurgitée dépassait l’entendement.
Mais quand son pote est venu le toper en lui disant qu’il avait maille à partir avec deux mecs énervés et qu’il voulait se barrer, ils sont partis tous deux vers la caisse. Le pilote, beurré avec deux pastis, eut l’idée saugrenue de s’arrêter au milieu du pont de ce village paumé de la haute vallée de l’Orb pour s’excuser auprès de ces deux mecs, arrivés comme des fleurs sur le chemin du retour. Arrêt du contact, le con sort, l’autre reste dedans mais n’y reste pas longtemps car comme prévu, le pilote se mange une claque. D’humeur guillerette après quasiment un cubi dans les veines, le passager sépare les mecs jusqu’à ce que le pilote se taille, d’un coup, laissant le passager qui ne l’avait pas vu venir sous une averse drue de pains dans le visage et de coup de latte dans le buffet. Quand le couard revint (« il était allé chercher de l’aide »), il ne restait plus que l’échalas incrusté dans la portière tellement les gus qui savaient méchamment bastonner s’étaient acharné dessus. Une gueule de citrouille qui serait passée sous un train avec douze dents ébréchés ou pétées à la clé, des cotes félées et un handicap fertain pour prononfer fertaines lettres plus tard, la devise est depuis gravée dans le marbre de l’histoire : t’as provoqué des embrouilles, fallait y penser avant, en attendant tu te débrouilles, j’t’attends à la caisse.]
On a passé un bon moment quand, à la sortie de Bella mascarade 1, on était allé interviewer 2 Alex le chanteur sur une terrasse de café montpelliéraine. Et parfois une discussion seule amène à suivre de près ce que l’on considèrera direct comme rare et précieux : des artistes inventifs, érudits et téméraires quand il s’agit d’aborder l’Art en défricheurs. La Castagne 3 avait confirmé l’intérêt pour le groupe, et ses prestations live imparables 4 enfoncèrent le clou. Du coup, il était évident que nous irions, en compagnie de gens de bon goût, assister à une nouvelle aventure scénique, la confrontation musique / bande dessinée sous le titre La Sale besogne aguichant fort le curieux auteur de ces lignes. Et bien nous en à pris !!
Après l’obligatoire paire de blanc et le bonjour aux connaissances jonchant les abords immédiats du bar, nous entrons dans un Sonambule que nous ne soupçonnions pas malgré l’avertissement peu avenant de « concert assis » qui équivaut la plupart du temps à une grande souffrance du fessier because des chaises empruntées au loto des boulistes, celles, très plates, qui martyrisent et crissent horriblement au moindre soubresaut d’un genou toujours rebelle. Que nenni mes fripons, l’écrin de l’arrière-train est fort confortable et les gradins nous permettent une vue optimale sur le groupe et son bric-à-brac d’instruments hétéroclites (du triangle au xylophone, de la gratte électrique à la batteuse, tout est bon pour faire du bruit), mais aussi sur l’écran qui verra défiler les œuvres d’Edmond Baudoin, Christophe Mueller, Le Grilleur, Jonathan Munoz et Jean-Luc Navette.
Ce sera d’ailleurs assez compliqué de se concentrer sur les dessins avec un groupe aussi visuellement attrayant. On le savait d’avance, mais celui-ci illustrera avec autant de brio les histoires et les climats différents avec cette ribambelle d'instruments sous le doux couvert d’un éclairage tamisé pour laisser les images en vedette. Quand on croira la chose totalement instrumentale, la voix d’Alex et les chœurs retentiront, quand les morceaux ne seront pas carrément entrecoupés par des descriptions de bagarres recueillis avant le concert au sein des premiers arrivants ! On apprendra par exemple que mettre un coup de savate dans la tronche d’un guitariste c'est très vilain, que ne ferait-on pas pour se voir remettre le « BTS boxeur » hein ?!
Le bel « affrontement » que voilà, une chouette plongée dans « les bas-fonds des êtres vivants » sur le fil entre poésie et humour noir, avec une bande - vraiment - originale aux sonorités parfois enfantines et à la noirceur toujours décadente. Comme quoi « la vie est un bal de fin d'année » qui n'est pas obligé de mal finir. Amour et paix, on est heureux d’avoir vu ça, et avant tout le monde en plus.
Spéciale Ged-y-casse à Anaïs, Flora, Imène, Jacqueline et Ganis, Fabrice, vivement une prochaine occasion de remettre ça.
1 voir LE SKELETON BAND [Fra] Bella mascarade (Autoprod) 2012
2 voir LE SKELETON BAND [Fra]
Ne partez pas sans avoir "aimé la page", retrouvez tous les articles, vidéos et reportages sur votre mur. Soutenez Nawakulture en vous abonnant à la page Facebook et en partageant les chroniques.