Chroniques concerts
02
Mai
2011
pigalle rock français alternatif concert

[Suite et fin de SCHÖNE CONNERIE [Fra] + ZOB [Fra] + BOB’S NOT DEAD [Fra] à Montpellier, Antirouille le 29/04/11

 

...A moins que ce ne soit que Pézenas, héraultaise cité de passage de Molière et lieu de naissance de Boby Lapointe à qui chaque année on rend hommage au moyen du fameux Printival ? 

 

Affiche imposante pour qui s’attache à la chanson française de qualité et au sommet de laquelle trône en lettres dorées le légendaire PIGALLE de François Hadji-Lazaro, accompagné pour cette fois par Laurent Montagne, performer auto-samplant sans faux-semblant toujours prêt à monter sur scène pour défendre ses morceaux malicieux. Les dernières rencontres avec l’homme datent, si un certain cervelet veut bien accepter de tourner rond, du premier festival de Mourèze puis un concert de soutien à ce même festival une paire d’années plus tard. Etait-ce la première fois en 2005 aux côtés des excellents (et disparus ?) MES ANJES NOIRES ? Tiens mais au fait, ce bonhomme qui tient la guitare hell’ectrique ce soir aux côtés de Laurent ne serait-il pas Pierre-Yves Serres, leader de ce même groupe ? Et puis dites, vous allez me lâcher avec toutes vos questions oui ? 

 

Horreur, malédiction et cornes de bouc, quand votre non-serviteur et ses trois acolytes, planchiste pour certain, pénètrent dans la salle, c’est pour constater qu’ils appartiennent désormais au quatrième âge puisqu’ils ont droit aujourd’hui à un concert... assis ! Ostie de criss de calice mais même de vieilles breloques comme nous sentent monter le long de la colonne vertébrale une violente poussée de... Non, ok, on s’assoit, pourquoi discuter, la France de Sarkozy, les vieux, charentaises riment avec chanson française, moi, je voulais pas venir on m’a obligé.

 

C’est donc ASSIS dans la chouette salle du Foyer des Campagnes de PézEUnas, de Pèznas, Pézénas, de comme vous voulez en fait puisqu’on s’en fiche, que nous acclamons l’arrivée de Laurent Montagne accompagné donc de Pierre-Yves Serres, zeu suspense iz over, repose le pacemaker. Et yeeehaaah, spéciale Ged-y-casse à Fred ?!Laurent n’a rien changé de ses habitudes d’antan : des textes malins et souvent drôles chantés sur tous les tons possibles, la voix comme les textes devant être considérés si vous ne voulez pas mon avis comme de véritables instruments ici. L’adjuvant, rien à voir avec les gendarmes, hell’ectrique Pierre-Yves parsème les partitions de petites touches rock, quand ce n’est pas pour devenir ossature par exemple sur la reprise de Dominique A (Le Courage des oiseaux selvoupli).

 

Pour le reste Laurent sample en direct des bruits ou des parties de son chant pour en faire avec habileté les instruments qu’il manque sur scène car rappelons-le sur cette scène ne trônent que Pierre-Yves et sa gratte, Laurent et la sienne (acoustique), un micro et le pédalier sampleur (et sans reproche, forcément). On retiendra de la prestation le charme et la malice d’un grand chanteur (t’as déjà vu une petite montagne ?) qui met son public dans le creux de sa main sur des morceaux marrant comme Ping pong, tarabiscoté comme Sous le poids des concessions ou vibrant (cette voix !) comme Mes pas, morceau-titre de son dernier album sorti chez L’Autre Distribution. Et au cas où le public ne sache pas bien comment traduire le mot unplugged, Laurent revient seul pour un rappel, s’assoit au bord de la scène et joue L’Homme est un perroquet à la seule force de sa guitare et de sa voix, la classe pour obtenir un silence studieux sans oublier un franc succès. Il est temps de sortir faire un tour pendant que PIGALLE s’installe. 

 

Quand s’amoncellent en petits tas les gens avinés, ils remarquent néanmoins la présence de créatures bien plus grandes qu’eux. On appelle ça des musiciens sur des échasses, spéciale Ged-y-casse à Christel et à mon bras atrophié depuis cette rencontre impromptue. Les produits laitiers sont nos amis pour la vie qu’ils disaient ? Les YAOURT BROTHERS vont tenter de faire oublier au public que le changement de plateau est très, Très, TRES long. Et ce n’est pas grâce à de bien festives reprises de la "Salsa du démon" ou de "Ramon Perez" que l’envie de voir PIGALLE devient oubli, fût-il involontaire. Non, non, non. 

 

C’est après avoir assisté à un affichage des plus restrictif (pas de photo, pas de boisson, heureusement la musique c’est bon, on peut, on a même cru qu’un type au t-shirt Jack Daniels allait se faire dépenailler par la sécu), qu’enfin Sésame, sous vos applaudissements, s’ouvrit dans un sinistre craquement. Ô joie, le demi-siècle passé dehors a servi aux organisateurs pour vider la salle de ces chaises honnies, gloire au Diable ! Ok du coup, la salle paraît bien moins pleine mais les absents, souvent très laids, ont toujours tort. La sortie en février 2010 de l’excellent Des espoirs voir (PIGALLE [Fra] Des espoirs (Saussisong Recs) 2010) a donné lieu à une imposante tournée, voyons voir si le groupe a encore un tigre dans le moteur.

 

Bingo, c’est la cas, PIGALLE est en grande forme et pendant plus d’une heure et demie fait tourner tous ses plus grands succès (Il boit du café, La Goutte d’Or, Pigalle, Dans la salle du bar tabac de la rue des Martyrs, Brève rencontre) ainsi que tant qu’à faire la totalité du dernier album  dont les meilleurs titres (tout à fait subjectivement : Il y a dans la cité sans nom, La Dernière fois, La Frontière, Qui voudrait parler d’elle...) sont absolument imparables. Sur les planches, rappel, se trouvent un batteur, un bassiste et un guitariste, François occupant le devant de la scène avec plus d’une demi-douzaine d’instruments biscornus comme la vielle à roue, la cornemuse, le ukulele, ou l’accordéon sans oublier sa voix rocailleuse reconnaissable entre mille.

 

Sa manière sarcastique de présenter les morceaux, entre Monsieur Loyal rock’n’roll et conteur urbain, est irrésistible et personne ne voit passer un set sans temps mort. Le parterre, allant des gamins de cinq-six ans aux fossiles du carbonifère en passant par une poignée de keupons, en prend plein les feuilles et c’est là peut-être que le bémol doit être mis si on se demande pourquoi à l’heure où de nombreux festivals proposent à l’entrée des bouchons pour les feuilles on est surpris ce soir par un volume très élevé qui n’en finit pas de faire siffler la cafetière. Ouais t’as raison, nous aurions dû prévoir mais...

 

En ce qui concerne le concert en lui-même, rien à dire de plus, une excellente soirée loin de la musique de supermarché aux paroles lénifiantes que l’on appelle aujourd’hui chanson française.

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