DEEP PURPLE [Uk] The Book of Talyesin (Parlophone Recs - 1968 Réédition 2000)

Pas de pitié pour les artistes !

Après le joli carton du single Hush aux États-Tunis, le label « prie » DEEP PURPLE d’enregistrer un nouvel album…trois mois après le premier ¹ ! On y trouve certaines franches similitudes entre les deux, des morceaux proto-hard / psyché (Listen, learn, read on à la voix de crooner, le joli perchage semi-progressif Shield qui montre un éventail technique toujours aussi impressionnant), des rock’n’roll bluesy parsemés de soli de clavier et de guitare virtuoses (Wring that neck), des reprises (We can work it out des BEATLES - encore eux ! - mais aussi l’excellente version du Kentucky woman de Neil Diamond ou celle, beaucoup moins entraînante, de River deep, mountain high de Tina et Ike Turner !) et, tant qu’à y être, des exercices néo-classiques ici et là (convoquant Also sprach Zarathustra de Strauss, et Roméo et Juliette de Tchaïkovski), qui seront bientôt suivies par d’autres aux dimensions bien plus imposantes. Pour rester sur Jon Lord, il n’est mystère pour personne que les américains pensaient que DEEP PURPLE étaient aussi américains tant ils jouaient chez eux et pas en Angleterre que le groupe était prêt à se tirer là-bas. L’anecdote veut que Jon Lord aurait été envoyé au Vietnam s’ils avaient émigré, pour une fois la guerre avait servi à quelque chose : laisser le (futur) joyau d’Albion à Albion ! Mais le - bien - meilleur était à venir malgré de futures premières turbulences logistiques.

Cette édition comporte des titres bonus totalement inédits (cinq prises non retenues et sessions BBC, le meilleur étant ce détonnant Oh no no no - merci Ben E. King - et un Wring that neck juste parfait, tous deux tendus de fer comme presque tous les autres grâce à cette basse au son si claquant) et un livret très informatif mais dépourvu des textes, dommage.

¹ voir DEEP PURPLE [Uk] Shades of Deep Purple (EMI Recs - 1968 Réédition 2000).