Chroniques DVD
23
Nov
2004

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : noir de chez noir

Scénar : voilà qu'on s'amuse carrément à piquer la plaque d'adresse du 36, y a plus de respect ! Et pour cause, il ne s'y passe pas que du joli joli… Pendant qu’une équipe fête la fin de service d'un de ses officiers, les affaires ne font pas de pause : un septième braquage à l'arme de guerre, ça n’a que trop duré, c’est le branle-bas de combat au sein d'« une grande famille » donc beaucoup se haïssent pour de vieilles histoires, particulièrement la B. R. I. (Brigade de recherche et d'intervention) de Léo Vrinks et son ennemi intime, la B. R. B. ( Brigade de répression du banditisme) de Denis Klein. Mais tant pis pour les règlements de comptes, ils devront attendre puisque celui des deux qui lèvera les coupables prendra la place de Mancini, le patron du « 36 ». Celui-ci avertit Vrinks de se mettre au goût du jour face à un Klein qui sait se placer, la guerre des polices ne semble jamais devoir s’arrêter car chacun ne reculera devant rien pour faire tomber l’autre.

Dans un Paris un peu en dehors du temps se démènent encore des flics déjantés complets, qui picolent trop, obsédés par le travail mais aussi parfois par l'attrait du pouvoir, des personnages sombres dont les seuls soleils sont les enfants…quand ils en ont… Si 36 quai des Orfèvres possède la stature d'un Heat pour le « calibre » des acteurs choisis (on préférait d’ailleurs voir des gueules « nouvelles » comme dans Gangsters mais bon…), de Daniel Auteuil à Gérard Depardieu en passant par André Dussollier, Roschdy Zem sans oublier Mylène Demongeot et Valeria Golino, Olivier Marchal (qui apparaît aussi à l’écran dans un petit rôle) a su préserver le côté « humain » / crédible au sein d’un sacré panier de crabes dans lequel on se demande bien qui l’on sauverait tant tous se montrent bouffés par leur boulot, les ordres, la compétition perpétuelle entre les services, la proximité avec un milieu qui n’a plus que son nom tant les frontières sont poreuses et les traits d’union dégueulasses.

Servi par une bande originale généralement très mélancolique mais rythmée, 36 quai des Orfèvres s’approche un peu de l’univers d’un Melville mais rappelle aussi certains polars sulfureux des années 1970-80-90 comme La Guerre des polices, La Balance ou L.627, annonce les chocs ultérieurs, même venant et traitant de monde différents, d’Un prophète ou de Polisse. Un paquet d'images fortes du film de Marchal sont tournées avec un lyrisme évoquant aussi Le Parrain et ce genre de grands films au scénario à ramifications multiples. Personnellement, malgré l’actuelle mauvaise réputation des services de police (qu’ils ont réussi à pleinement mériter), on classerait, vu que l’histoire se base sur de nombreux faits réels, 36 quai des Orfèvres dans la catégorie des fictions documentaires, éclairant d’un jour (pas forcément toujours) nouveau les pratiques inexcusables de personnes censées montrer l’exemple à une population toujours plus dans le collimateur d’une démocratie pour le moins menacée.

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