Chroniques Blu-Ray
09
Sep
2019

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : science sans conscience

Scénar : 26 avril 1988, Moscou. Valeri Legassov fait le constat que tous les responsables de l’événement échappent au châtiment, il dicte donc sa version des faits à son magnétophone en vue de divulguer la vérité malgré la surveillance dont il fait l'objet et se suicide dans la foulée. Flashback. Deux ans auparavant à Pripyat en Ukraine, après une détonation à la centrale nucléaire de Chernobyl, tout a dégénéré très vite : le cœur de la centrale ayant explosé, Diatlov, le directeur bouffi d’orgueil et perclus d’effets du marteau-pilon de la propagande d’Etat, refuse d'admettre l’extrême gravité de l’incident et prend d'absurdes décisions, par exemple celle de simplement appeler les pompiers concernant l’incendie. Mais les manifestations physiques liées à la radioactivité surviennent très vite. Cela ne freine pas les ordres insensés de la hiérarchie : les équipes de jour rejoignent à leur tour les occupants de l'usine et les pompiers. Les dirigeants mentent ouvertement aux subalternes et veulent cacher d'éventuelles conséquences mais la catastrophe va traumatiser et toucher directement la totalité de la planète, malgré des frontières super efficaces, en France par exemple.  

En cinq fois soixante minutes, HBO assène en même temps qu’une leçon de physique nucléaire un nouveau grand succès télévisuel au public avec cette série funèbre dans son rythme et ses couleurs. Chernobyl est de plus nantie d’un travail de reconstitution convaincant et esthétiquement hyper-réussie (les décors sont génialement morbides, l’horreur des plaies crédible, la grisaille générale palpable…) dans sa représentation d’une des plus grandes catastrophes de notre temps, les épisodes sont extrêmement bien filmés, plongés dans une ambiance glaçante soulignée par la bande originale lancinante et sombre, et, cela ne gâche rien, joués par d'excellents acteurs (Emma Watson, vue dans Dragon Rouge, Jared Harris, le fabuleux Moriarty du Sherlock Holmes de Guy Ritchie, Stellan Skarsgård d’À la poursuite d'Octobre Rouge, Breaking the waves ou Millenium…) que l’on admire dans la peau des héros attachants comme dans celle des enfoirés politiques qui finissent toujours par pourrir tout ce qu'ils prétendent gérer.

Car c’est bien de politique dont il faut causer quand un pouvoir inconscient jette dans les flammes le courage de ses sujets déjà menacés quand on les voit confrontés aux moyens ridicules mis à la disposition des services de santé, aux mensonges d’un État dictatorial qui ne désire bien sûr aucun scandale, particulièrement Gorbatchev vis-à-vis des Américains devant lesquels il ne se peut que l'URSS passe pour affaiblie. « Notre puissance tient à la perception que le monde en a » qu’y disaient ! Les blessés et les morts s'amoncellent mais les élites soviétiques ne semblent pas intéressées par la science et ses applications sauf que quand l'explosion devient un sujet international, l'évacuation est enfin mise en œuvre. Mais n'oublions jamais les mineurs de Tula, les pompiers, les médecins, représentants d'un peuple fort mais (lui aussi, parmi tant d’autres) trop longtemps mené par la propagande et la corruption générales, ces morts tombés ne doivent pas l'être dans l'oubli, tout comme d’ailleurs le sort peu enviable des animaux qui s’ensuivit. Orientée parfois, certes, cette série est passionnante.

Bonus : très moyens, cinq courtes featurettes (pour parler neuneu) alors qu’on aurait pu aligner du documentaire et des rappels historiques à une population à la mémoire toujours plus courte…

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