Chroniques DVD
04
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : fable anti-nucléaire loufoque

Scénar : la surveillance nucléaire des États-Unis est sur les dents face à l’U. R. S. S. qui prépare forcément « quelque chose »… Le général Ripper en est convaincu et après avoir instillé la paranoïa parmi les troupes de la base, il fait couper les communications : alerte rouge : « je crois que nous sommes en pleine guerre chaude ». Et grâce à une série d'ordres absurdes plus tard, les sirènes retentissent, le plan R est déclenché, les aviateurs ont beaucoup de mal à y croire mais c'est confirmé : « c'est le corps-à-corps atomique avec les russkoffs » qui commence. Le président et son grand conseil sont prévenus, le chef de l’État exige de parler à Ripper, ce qui va bien entendu engendrer un affrontement entre services et officiers, sans compter les « loyalistes » bernés par le général dingue. Ensuite point le suspense : une bombe sur la gueule des Soviétiques n'entraînerait-elle pas l’utilisation de leur « machine infernale » qui éradiquerait toute vie sur la planète ? Du coup, les États-Unis se voient contraints d'aider à descendre leurs propres avions. De l’intérieur de la base, l’officier britannique Mandrake pourra-t-il contrecarrer dans les temps les plans cintrés de Ripper ?


(vu aussi sous cette forme)

C’est à Georges Clemenceau que l’on doit le cinglant « La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires. » Ah, et depuis Les Sentiers de la gloire (1957), déjà légèrement explicite quant à son aversion pour la guerre et l’endoctrinement, Kubrick va encore plus loin dans son entreprise de démolition : avec ce film il balance en effet plus que jamais la dose de vitriol sur l'administration, la bêtise de l'armée qui ne se fie qu’aux ordres ou encore l’hypocrisie de la diplomatie par le biais de personnages dinguissimes, Peter Sellers est absolument excellent dans tous ses rôles (il n’en interprète pas moins de trois - sur les quatre prévus à l’origine - : le colonel Mandrake, le président américain et heavy-demment le fameux Doktor Strangelove / Folamour, caricature du fumier scientifique nazi Wernher von Braun), on trouve génial aussi le général Turgidson (George C. Scott), belliciste à fond et anticommuniste primaire qui est sûrement le premier complotiste représenté dans un film (la « fluorisation » de l'eau brrr…, dire que certains y ont authentiquement cru chez ce malheureux oncle Sam…) sans oublier Slim Pickens, presque digne d’un épisode signé Münchhausen et bien sûr Sterling Hayden !

Teintés d’une sorte de rétro-futurisme foutraque, les décors évoqueraient quant à eux la science-fiction tendance anticipation ou presque, tant la « salle de guerre », les longues images aéronautiques (images de ravitaillement en vol, de cockpits, de radars, de pseudo-B-52, les champignons nucléaires…) et les allusions à la future guerre froide post-apocalyptique (!!), la mise à l’abri de l’« élite » et d’un contingent féminin pour le remplacement des disparus, tant tout cela sonne à la fois absurde et imminent en 1964 ! Beaucoup de détails comiques (l’inscription « World targets in megadeaths » sur le pupitre d'un général et l’affiche « Peace is your profession » dans la base de bombardiers sont nos chouchous…) et de chouettes scènes de bataille à l’ancienne sont à noter, tandis qu’une très bonne bande originale de Laurie Johnson (mais pas uniquement puisque les traditionnels quasi-hymniques We'll meet again et When Johnny comes marching home sont aussi de la partie) rythme les exactions d’une incroyable bande de bras cassés qui étaient sûrement loin de se douter que le monde assisterait à l’émergence d’une pure caricature à moumoute jaune pour mener un des plus grands pays du monde aux portes du vide-ordure cosmique.

Argh !

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