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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : classique total
Scénar : c'est l'histoire d'une sœur et d’un frère qui vont fleurir la tombe d'un père. Le paysage lugubre aidant, le frère taquin se fiche un peu des angoisses de sa sœur fébrile pendant qu'un homme à l'attitude bizarre se rapproche avant de s'en prendre à eux : c’est tout simplement le début de…Non mais vous vous foutez de nous ou quoi ? À quoi sert d'avoir écrit il y a des années un article pour présenter ce film fondamental si c'est pour vous le resservir ici 1 ? Si nous avons fait l'acquisition de cette version, sûrement la quarante-douzième, c'est parce que ce Blu-ray contient des bonus inestimables qui nous poussent à rappeler un petit peu l'histoire d’un des films les plus marquants du genre horrifique qui donnera l’impulsion à une pléiade de réalisateurs inventifs et indépendants, du moins à leurs débuts, de passer à l’action.
Concernant George A. Romero, son riche oncle Monroe lui filera plus d'un coup de main, en achetant par exemple pour lui le matériel nécessaire à la construction de son entreprise. Mais d'abord, cet homme qui avait les moyens de s'acheter un petit peu n'importe quoi par fantaisie s'était offert une caméra dont il ne savait absolument pas se servir, mais son jeune neveu, lui, saura. Il lui achètera régulièrement des bobines de 8 mm avec lesquels le jeune Romero commencera à s'entraîner et à tourner tout un tas de petits films. Ce n'est pas pour autant qu'il suit officiellement le circuit, il s'engage à l'université pour étudier l'art et le design mais les choses ne se passent jamais comme prévu quand on est un esprit libre et volontiers farfelu : il rencontre là-bas un impertinent de son espèce, Rudy Ricci, avec qui il multiplie les expériences : ils écrivent des scripts, tournent des courts-métrages, animent des émissions de radio et prouvent à de nombreuses reprises être de sacrés trublions dénigrant déjà le système, d'abord éducatif, en cette fin des années 1950 et le tout début des années 60.
C’est à la même époque que Romero rencontre l'acteur Russell Streiner avec qui il va tourner Expostulations (1962), la connexion se fait aussi avec le scénariste John Russo, une société, The Latent Image, ne tardera pas à voir le jour et c'est par son biais que la bande commence à tourner des publicités en apprenant sur le tas, commencent à gagner de l'argent qui leur permet de s'équiper et de payer les factures. Puis se pose bientôt la question de tourner, enfin, un « vrai » film. Sur une idée de Russo, dix personnes d’entre eux vont mettre chacun la part mirifique de 600 dollars dans la caisse, faites la multiplication et vous obtiendrez le budget avec lequel le film a été mis en route en 1967, il sera bien sûr dépassé mais restera minuscule par rapport à la somme moyenne récoltée pour un film dit classique. Romero avait commencé à écrire une nouvelle, John Russo la gratifiera de son talent pour obtenir un scénario acceptable et le tournage sera mené avec tout ce qu’induit la démocratie : sur un tournage de débutants qui n'avaient réalisé que des films institutionnels et des publicités, chacun fera ce qu'il a à faire dans une ambiance parfois houleuse de liberté complète.
La décision de faire un film d'horreur viendra du fait que ceux-ci se vendaient plutôt bien et se faisait plutôt facilement sans moyens énormes. Chacun va apprendre sur le vif : le maquillage, les effets spéciaux artisanaux puisque personne n'avait les moyens de financer ce poste (comme les explosions, dont un des associés est le spécialiste, ou le gore, incroyable pour l’époque, facilité par la présence dans les associés d’un boucher qui explique une partie de l'hémoglobine et de la tripaille utilisée), le choix de la musique et de l'habillage sonore (peu de monde a dû y faire attention mais ils sont primordiaux dans le climat général). La chose qu'ils ne verront pas venir, c'est un problème de titre qu’ils auront du mal à trouver et qui, une fois trouvé, devra être changé par le distributeur. La mention du copyright ne sera accidentellement pas ajoutée et ouvrira la boîte de Pandore : le film se retrouve dans le domaine public, laissant ainsi ses concepteurs dépourvus d'une partie d'un travail qui leur avait demandé tant d'énergie, sans compter une inondation qui détruira ensuite une grosse partie du matériel promotionnel du film. Sans réelle protection juridique, le film va se retrouver sorti sous des tas de couvertures et de versions différentes. Peut-être est-ce toutefois pour ça qu'il infiltrera toutes les strates de la société pour se faire à ce point connaître ? Dans son malheur, ce serait peut-être déjà ça…
Bonus : bande-annonce mortelle, « One for the fire - L’Héritage de la Nuit des morts-vivants » (100’ : retour au cimetière de Evans City où le duo original, visiblement ému, nous fait même le coup d'arriver avec sa voiture comme au début du véritable film quarante plus tôt, on peut voir pas mal de photos de tournage, apprendre des petits secrets et avoir une présentation assez précise de toute l'équipe et de l'importance que chacun de ses membres a eue dans la conception de ce film légendaire) et « Réflexions sur La Nuit des morts vivants » (78’ : sorte de table ronde entre les initiateurs - c’est juste génial de voir tous ces vieillards ou presque échanger avec le sourire des souvenirs, de vrais potes évoquant un projet qui les a tous lancés ou du moins qui aurait dû tous les propulser vers le firmament - entrecoupée d'interventions de gens qui ont vu leur vie bouleversée par le film et qui vont tenter d'en suivre le chemin comme Fred Olen Ray, Tobe Hooper, John Landis, Sam Raimi, Wes Craven ou David DeCoteau. Et rendez-vous compte, Alice Cooper lui-même vient dire l'amour qu’il porte à ce film et à son réalisateur ! Ajoutée à la toute fin, on trouve une interview rare de l'acteur Duane Jones, décédé en 1988)
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