Chroniques DVD
02
Jan
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : life’s a bitch

Scénar : un pacte de loyauté entre deux étudiants condamne l'un des deux à une inexorable descente aux enfers dans cette société anglaise riche et réglementée. Roddy Berwick, capitaine révéré de l'équipe de rugby de son école, met son honneur en jeu quand il couvre son ami Tim (susceptible d'accéder à une bourse permettant une entrée à la prestigieuse université d’Oxford) quand celui-ci a une aventure avec une femme de plus basse extraction. Celle-ci porte soudain plainte, les deux garçons sont convoqués par le proviseur et la fille désigne pour responsable le capitaine (qui l’avait gentiment repoussée, au contraire de son camarade…). Désormais paria car son ami ne bronche pas, il renonce à se défendre et se fait renvoyer de l'école. Même s'il clame son innocence une fois chez lui, son propre père ne le croit pas, il quitte alors la demeure et commence à faire de petits boulots et à entrevoir ce qu'est la pauvreté, jusqu’à toucher le fond.

On a ici affaire à un film, son quatrième 1, qu’Hitchcock lui-même détestait pour des raisons de conflit à l’époque avec son producteur Michael Balcon (le patron de Gainsborough Pictures, qui ira jusqu'à ne pas faire figurer Hitchcock sur certaines affiches !) mais aussi avec son acteur principal Ivor Novello (à l’affiche du précédent Hitchcock, The Lodger - A story of the London fog, sorti la même année) qui était aussi co-auteur de la pièce ici adaptée par le scénariste Eliott Stannard qui lui travaillera régulièrement avec Hitchcock, jusqu’à la sortie de L'Homme de l'île de Man (1929). Malgré quelques invraisemblances (Ivor Novello joue une étudiant…à trente piges, de quoi soupçonner quelques doublements d’années non ?), Hitchcock réalise un film chouette qui ne nécessite que peu de « dialogue », le muet fait par les grands développant un langage corporel / visuel très efficace, Novello est pour le coup un très bel acteur dans ce rôle malmené par le destin, accablé de tous les tourments possibles à la suite de l’injustice, fil rouge thématique de l’œuvre hitchcockienne. Au passage, quel superbe gros plan sur le visage de cette femme aux yeux d'une terrible dureté quand elle raconte ce qu'il est censé s’être passé !

Quelques clichés ne manqueront pas de faire tiquer, comme ces femmes vénales (une touche de misogynie gratuite ou bien, plus sûrement, une expression du vécu dans un monde du spectacle aussi égratigné ici que ces grandes familles riches et hypocrites de l’Angleterre riche) ou ce regard sur la France de Marseille dont on entretient depuis toujours une réputation de trou à rats dans l'imagination populaire de l'époque. Toujours est-il que le travail de restauration a été soigné, l’image est superbe, teintée de différentes couleurs suivant le climat du moment (la déchéance par exemple, symbolisée par le noir et blanc mais aussi par la descente de nombre d'escaliers, spécialité depuis The Lodger) et une très chouette bande originale de piano accompagne le tout. Pour résumer un peu, c’est enfin la résurrection d’un Hitchcock truffé de petites saynètes de comédie charmante, d’influences expressionnistes et de passages sombrissimes comme pour illustrer au mieux la folie (les hallucinations montrent même parfois quelques atours horrifiques).

Bonus : présentation du film et « Hitchcock 9 », entretien avec Jean-Pierre Dionnet à propos de la restauration des neuf premiers films du maître (8’) et neuf raisons pour regarder ces neuf films, « Hitchcock : aux origines du suspense » (documentaire au sujet de la période anglaise, 24’), bandes-annonces et galerie photos.

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