Chroniques DVD
08
Mai
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : agonie et vies parallèles

Scénar : un homme en salle d'attente, une femme en salle d'examen, elle est malade et il sait qu’elle n’en a plus que pour quelques mois. Mère et fils échangent des souvenirs de famille, les aventures des uns avec les autres, puis se taisent quand Cosi fan tutte fait toujours le même effet, peut-être salvateur quand on a peur de trop en dire, quand l’ambiance est déjà un peu grignotée par l’angoisse. Philippe rejoint ensuite sa magnifique amante Nathalie qui n'est pas très touchée par la mauvaise nouvelle, lui mène une vie largement bohème, a trouvé un boulot à la télévision sans en dire beaucoup plus, il couche régulièrement avec d’autres femmes en « digne » fils de son père très cavaleur et désormais seul en Auvergne. C’est pourtant là-bas, quand l’hosto ne peut plus rien apporter, que la mère va être installée, chez le père qui malgré ses défauts l’aime toujours à sa façon, et le fils et sa copine vont faire des allers-retours, assister à la fin irrémédiable de la mère qui éprouve des souffrances atroces. « C’est terrible, on dirait qu'elle a cent ans » mais même pendant toute cette sale période, la vie doit continuer malgré le malheur qui s'abat toujours plus profondément, le père et le fils qui ne se voyaient plus beaucoup se retrouvent à revivre ensemble avec la mère et à recréer bon gré mal gré cette famille qui n’était alors plus que du passé…

Écrit, produit et réalisé par Maurice Pialat lui-même, La Gueule ouverte provoquera sa faillite, il faut dire que le sujet était ardu, l’agonie, la mort, la famille délitée, le tout vu sans tabou ni précautions, avec toujours cette façon particulière de filmer, naturaliste à l’extrême dans sa région d’origine, l’Auvergne où Pialat raconte carrément la disparition de sa propre mère, mais aussi la conduite d’un père-sonnage, « Le Garçu », qui n’est au fond qu’un vieux satyre qu’un trait paradoxal veut qu’il s'occupe de son ex-femme avec une attention touchante, tout en espérant parfois que tout se finisse au plus vite. Qui n’a jamais vécu une agonie parmi ses proches ne l’a-t-il pas pensé ? Ce putain de crabe qui dévore la personne de l’intérieur comme un ver dans le fruit, sans que quiconque n’y puisse plus rien, du coup le malade finit chez ses proches, avec tout le poids des regards apitoyés, désespérés, endoloris d’un entourage qui vit aussi la mort d’un de ses fils qui les retiennent à l’existence, qui vit dans une parenthèse temporelle étouffante et incompréhensible pour le deuxième cercle, qui ne peut qu’être maladroit, pour ne pas dire gênant… Peut-être aussi ce côté toujours inhumain de maintenir en vie des gens qui souffrent le martyre, on préférera toujours l'issue de se foutre par la fenêtre ou du haut d'un pont pour nourrir les silures au lieu d'infliger ça à ses proches et à soi-même… Chacun doit pouvoir disposer de sa vie sans se soucier de ce qu’en pensent les autres qui ne savent RIEN.

C’est « drôle » de voir Hubert Deschamps pour une fois en haut de l'affiche, l’éternel abonné aux petits rôles de râleurs impénitents (le Bacri du passé ?), volontiers friand de Gitanes et de gros rouge, s’y montre touchant dans ce rôle à contre-pied de ce à quoi il est abonné en général. Le pervers pépère a avec Philippe Léotard un drôle de descendant, lui aussi marquant, cette tronche, cette voix, on avait là un sacré acteur qui avec un charme inexplicable pouvait très facilement être crédible dans le rôle du petit ami d’une Nathalie Baye à croquer avec qui les scènes d'amour plutôt crues ont dû demander beaucoup de calme et de professionnalisme, tout comme l’incarnation de la douleur Monique Mélinand, tout simplement parfaite dans un rôle qui aurait rapidement pu tourner au vinaigre larmoyant. Pialat oblige, les enchaînements sont abrupts, on passe d'une chambre d'hôpital à une chambre tout court, de la détresse à l'amour physique, les dialogues sont lapidaires, voire rachitiques en fait, l’habillage sonore est inexistant, comme dans la vraie vie quoi et le climat est forcément funèbre, frisant parfois le glauque, La Gueule ouverte a tout d'un documentaire avec cet ultra-réalisme qu’injecte toujours Pialat dans ses œuvres, on peut même encore parler de cinéma social puisqu'il s'agit d'un sujet auquel tout le monde est confronté un jour ou l'autre, sans arme aucune.

Bonus : bande-annonce, entretien avec Nathalie Baye (8’), Janine (court-métrage de 1962 à la bande originale jazzy et mettant déjà en scène Hubert Deschamps, mais aussi Claude Berri avec qui il forme un duo tragicomique assez sympa, Évelyne Ker et Mouflette, une gamine absolument magnifique au regard incroyable, 16’), scènes coupées qui figuraient Jacques Villeret et Jean-François Balmer, ce dernier les commentant, en apprenant au spectateur le don qu’avait Villeret pour les imitations, 11’) et un entretien avec Micheline Pialat (avec un titre cru mais complètement approprié : D’épouse à gouvernante, 12’) qui démontre encore une fois le côté autobiographique des films de Pialat (parfois à la limite de l’impudeur et de la cruauté s’il on se retrouvait soi-même à la place des « inspirations » du réalisateur auvergnat…), elle raconte aussi les débuts de Maurice Pialat dans la profession mais aussi sa participation puisqu’elle deviendra productrice aux côtés de Pialat pendant des années. On peut dire qu'elle n'a pas été rancunière malgré les « facéties » de Pialat, particulièrement du côté de ses amours…

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