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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : « Notre histoire est l'aventure d'un homme à la recherche d'une vérité cachée... »,
Scénar : un homme qui fait le malin avec son flingue sur un bateau mais les flics peuvent se permettre pas mal de fantaisies pas vrai ? Un présentateur de jeu radiophonique itinérant traîne avec une fille riche dont le beau-père n'aime pas sa fréquentation mais soudain, ce beau-père s'écroule au beau milieu de son baragouin de vendeur, un fusil à lunette vient de lui lâcher une balle en pleine tête. Carella, notre flic, se retrouve sur l'enquête. Il va prévenir lui-même la famille Forest à laquelle il a déjà eu affaire quand la fille avait été mêlée à une histoire de drogue. Patatras, c'est maintenant un vieux beau qui se fait flinguer au beau milieu d'une piscine ! Heavy-demment, le sous-préfet se précipite et enguirlande tout le monde : puisque les deux hommes ne se connaissaient pas, c’est forcément un coup des gauchistes ! Le moins que l'on puisse dire, c'est que le flic ne se laisse pas impressionner. Et puis un lien relie en fait les deux hommes : un « médium » dont la spécialité est plutôt de faire passer du fric en Suisse. Ce que le fameux voyant n’a pas vu arriver, c’est la balle qu’il ramasse à son tour. Bien sûr, la presse se précipite alors que c'est quasiment la loi martiale qui tombe sur Nice. Où est donc le mobile de cette série de meurtres ?
Adaptation d’un roman du vétéran Ed McBain par Vincenzo Labella, Philippe Labro et Jacques Lanzmann, Sans mobile apparent est le prétexte, comme c’est souvent le cas à un certain âge d’or du cinéma noir français, d’un rassemblement de personnalités tout à fait remarquable. Lors de cette plongée dans la Nice interlope et bourgeoise, on croisera les adorables Dominique Sanda (fascinante mais vénéneuse), Carla Gravina, Laura Antonelli (comme quasiment tous les personnages féminins du film, distante et glacée) et Stéphane Audran, les beaucoup plus patibulaires Jean-Louis Trintignant (plutôt froid et caustique comme d'habitude, toujours entre deux films en Italie où il cartonne), Sacha Distel (du genre transparent en présentateur-séducteur d’une sorte de Schmilblick), les toujours excellents Paul Crauchet et Jean-Pierre Marielle, entre autres (tant qu’à y être, on aperçoit au passage Philippe Labro et Jacques Lanzmann mais aussi, en coup de vent, le binoclard mockyen Jean-Claude Rémoleux !). Ennio Morricone gratifie de plus le public d’une bande originale géniale, relativement tendue, voire angoissante, avec son thème sifflé sur une base basse / batterie / trompette très rythmée, le genre de truc imparable et entêtant.
Un polar à l’américaine donc - sur le fond puisque transposé sur une Côte-d’Azur survolée au début - bien foutu, au suspense pépère mais plutôt réussi, surtout grâce aux acteurs principaux qu’on ne se lassera jamais de voir évoluer dans des univers troubles et sombres (Jean-Louis Trintignant, ou la certitude systématique d’un jeu impeccable dans l’interprétation de types toujours à la lisière d’agacer violemment leur monde par un entêtement belliqueux, un regard sciemment méprisant sur une société qui se voudrait haute mais n’en renferme pas moins une belle quantité d’immondes cancrelats). Ce duel de grands tireurs dont un se double aussi d'un grand coureur à pied mais qui a tout de même une drôle d'attitude pour un flic n’est pas sans rappeler le premier épisode des aventures d’un certain Inspecteur Harry (en plus, de sales hippies s'amusent à peinturlurer les voitures des poulets, c'est du propre ! De quoi faire trépigner très fort le 44 Magnum dans son holster hein ?!) mais fait surtout partie d’un corpus Série Noire particulièrement réussi en ces années 1970, revoyez donc Dernier domicile connu, Le Complot, Un linceul n’a pas de poches, Peur sur la ville, Mort d'un pourri, Adieu Poulet ! ou encore le bien nommé…Série noire.
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