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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : la révolution, sans élégance ni courtoisie.
Scénar : la rencontre de Juan et John en pleine révolution mexicaine de 1913. Le premier, à la tête d’une famille d’ingénieux peons, attaque les diligences en se faisant passer pour un loqueteux de première, mais mieux vaudrait ne pas trop s'en moquer, imbéciles de cochers. Le second, un dynamiteur de l'enfer et irlandais de l’IRA en fuite, fait une entrée surréaliste de cavalier de l'Apocalypse au milieu de la fumée et des explosions, juché sur une moto avec gabardine et lunettes de pilote, le tout sous le regard médusé de la famille. Les deux hommes, pour des raisons différentes, étaient faits pour se rencontrer : Juan rêve d’un braquage à la banque de Mesa Verde qui passerait inaperçu dans le tumulte de la révolution que John vient épicer de ses bang et autres boom. Attention toutefois à l’impitoyable colonel Günther Reza qui fait régner la terreur avec son armée équipée à la moderne et disciplinée, contrairement aux hordes révolutionnaires. « Planque-toi connard », c’est un conseil.
Sans élégance, c’est écrit. Et hop le premier plan de Steiger en train de pisser donne le ton, et l’homme emploie de plus un vocabulaire aussi fleuri que celui du grand Tuco. Sauf que sous ces oripeaux divers de western, de comédie et de drame, Il était une fois la révolution n’hésite pas non plus à faire dans la critique sociale, notamment avec ce gros plan mythique sur la connerie humaine et la façon abjecte qu'ont les nantis de grailler. Ceux-ci ne semblent pas gênés par le bain de sang des révolutions du jeune XXe siècle, elles ne sont pourtant que le début des problèmes du peuple, comme le montre aussi le parallèle avec l'Irlande, un autre grand massacre qui s’intensifiera bientôt.
Sous la direction du maître absolu Sergio Leone, le duo d’acteurs James Coburn / Rod Steiger est absolument génial et joue, dans la droite lignée de la bande originale inoubliable, un jeu entre comique et tragique très crédible, multiplie les phrases mythiques (la meilleure, signée John, est pour l’éternité : « si je tombe, les cartes de ce pays ne sont plus valables »). Encore une fois, le récit est entrecoupé par des flash-backs explicatifs 1 (ou presque, car reste l'énigme du ménage à trois irlandais…) et truffé d’images fortes comme ces splendides carnages à la mitrailleuse (qui date quand même un peu de la seconde guerre mondiale hein ?), cette longue scène de cadavres entassés ou encore la terreur de l’existence des fuyards particulièrement bien évoquée. L’habituel parti pris est là : les méchants sont germaniques et martiaux comme la musique qui les accompagne, et c’est vrai que Reza a vraiment la gueule du proto nazi par excellence.
La guerre civile ouvre des plaies que l'on ne peut jamais refermer, de n’importe quel côté, la répression est toujours aveugle et les riches finissent toujours plus ou moins par s’en tirer. « Et pendant ce temps qu'est-ce qu'ils font les pauvres cons ? ILS SONT MORTS !!! »…
1 voir Le Bon, la brute et le truand de Sergio Leone (avec Clint Eastwood, Eli Wallach…) 1966, et Il était une fois dans l'Ouest de Sergio Leone (avec Charles Bronson, Claudia Cardinale...) 1968
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