Chroniques DVD
15
Fév
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Dostoevsky gabin ventura vlady film noir hossein

Genre : drame noir

Scénar : René Brunel enrage d'avoir passé tant d'années d'études pour finir par traduire des romans policiers alors qu'il serait peut-être plus simple de commettre un véritable crime. Après tout « y a des vieilles femmes qui servent à rien ». Que sa sœur épouse un vieux plein de fric le rend fou et il s’est promis que le mariage n'aura pas lieu. Il se rend chez une vieille prêteuse sur gage (« si elle est morte, c'est bien la première chose qu'elle aura pas volé ») pour faire un repérage, retourne au café d’où il accompagne un ivrogne jusqu'à chez lui. La maison est tellement pourrie que Marcellin passe à travers l'étage et se tue, nouvelle source de colère. Il se rend chez la vieille et la poignarde mais la malchance veut qu’un client se présente et tambourine à la porte. L’emmerdeur fait monter le concierge mais René parvient miraculeusement à filer, non sans laisser des indices de son passage. On met un commissaire coriace sur l'affaire et un assassin est vite arrêté mais ce n'est pas René. Et puisque René joue au chat et à la souris avec le flic, celui-ci le tient à l’œil. Et voilà que Monestier, son futur beau-frère honni, vient proposer son aide car il sait tout. Il lui livre même un terrible secret sur lui pour éveiller sa confiance…

Ou comment réunir un casting effarant : en plus de tous ceux qui sont signalés dans le titre de cet article, on doit aussi évoquer de très grands noms qui ne méritent pas l'oubli. La très jeune Marie-José Nat, Gérard Blain, Julien Carette (formidable en poivrot désespéré et désespérant) mais aussi Jean Rollin, un futur réalisateur comme le sera Pierre Granier-Deferre, assistant sur celui-ci. Cette adaptation du roman, grand classique de la littérature russe, de Dostoïevski, est resituée à l'époque du tournage et brosse au passage un portrait du Paris pauvre et des immeubles délabrés, où certains se laissent entraîner dans le malheur, le cafetier Lino Ventura a fort à faire avec les sacs à vin qui viennent à son bar, la police a aussi du pain sur la planche quand la pauvreté pousse au crime, ce qui n'est pas tout à fait le cas de notre personnage principal surtout habité par une colère inextinguible, peut-être que les études qu'il a faites lui ont trop montré le pouvoir de certains (par exemple ce Napoléon affiché au-dessus de son lit) et l'extrême dénuement dans lequel vivent la plupart. La justice n'est vraiment nulle part quand on a trop le temps de réfléchir et c'est bien le drame qui provoquera le châtiment annoncé.

Les deux actrices magnifiques (Marina Vlady et Ulla Jacobsson) qui, malgré les tourments de leurs personnages, apportent un peu de chaleur à cette histoire glaciale, sont bien les seules à susciter l'espoir, la plus grande partie des autres semblant en effet enfermés par un destin tout tracé : la stagnation sociale dans le bas du panier, à moins d'un miracle ou d'une action radicale. Celle à laquelle se livre le personnage interprété ici par Robert Hossein est sacrément bien mise en scène, d’astucieux effets sonores et visuels alertent même sur la présence dangereuse de preuves ou de sang sur les lieux du crime, pimentent donc un peu un suspense également réhaussé par la participation à cette histoire d'un personnage pour le moins sordide qui à lui seul montre ce que le pouvoir de l'argent peut laisser faire à certains esprits pervers qui pourraient rester dans la caste des intouchables si au fin fond de leur âme ne se trouvait pas un soupçon d'humanité. Dans tous les cas, quand on trouve sur sa route des justiciers - aux méthodes certes discutables - du genre de ceux incarnés par Jean Gabin ou encore le coriace Albert Rémy, on sait qu'il y a peu de chances que les coupables s'en sortent sans dommages.

P. S. : on est toujours à la recherche du troisième film dans lequel apparaît juste avant Lino Ventura en cette même année 1956, un film au casting exceptionnel (on y retrouverait aussi Silvana Pampanini, Raymond Pellegrin, Fernand Ledoux, Jean-Louis Trintignant, Louis de Funès, Robert Dalban !!) réalisé par Ralph Habib et intitulé La Loi des rues d'après le roman éponyme d'Auguste Le Breton. On donnerait à peu près n'importe quoi pour pouvoir le voir au moins une fois, n'hésitez pas à nous contacter si vous avez un plan, ce serait bien généreux de votre part et une belle récompense pour tout le travail de réhabilitation que l'on tente de faire avec Nawakulture.

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