Chroniques romans
31
Déc
1998

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Le prince Rodolphe de Gerolstein infiltre déguisé les basses couches de la société du Paris du XIXème siècle,

 

souvent sordides, pour tenter d'en sauver ce qui peut en être sauvé. La Goualeuse ou le Chourineur qu'il rencontre au début de ses pérégrinations lui donnent la preuve de l'existence même dans les pires coupe-gorge de personnages courageux et honorables qu'il convient d'aider à s'en sortir. Des adversaires coriaces comme la Chouette ou le Maître d'école ne tarderont pas à se dresser sur son chemin, le combat entre le bien et le mal sera féroce, fera beaucoup de victimes, pour le meilleur et pour le pire...

A la manière de l'impayable marchand Oliveira da Figuera dans Tintin au pays de l'or noirEugène Sue conte avec force détails les malheurs des bas-fonds de Paris et avoue même: "...nous comptons un peu sur l'espèce de curiosité craintive qu'excitent quelquefois les spectacles terribles". Non, rien ne sera épargné au lecteur que l'on imagine haleter en lisant cette immense fresque découpée en épisodes dans les journaux (le fameux feuilleton) pendant une année entre 1842 et 1843, on imagine les familles regroupées autour du poêle, l'un lisant les autres poussant de petits cris, vibrant sous les assauts d'un récit aux multiples rebondissements. Les bons sont des anges et les mauvais sont pour ainsi dire définissables à la Tuco: "les plus gros dégueulasses que la terre ait jamais portés". Ce manichéisme forcené fait vendre des tonnes de journaux, éveille même chez certains des velléités révolutionnaires, citons par exemple "...ce redoutable océan populaire dont le débordement pourrait engloutir la société tout entière, se jouant de ses lois, de sa puissance, comme la mer en furie se joue des digues et des remparts...", ce qui ne tardera pas à arriver à 1848. De là à hésiter sur une coïncidence, il n'y a qu'un pas... En attendant, cette oeuvre digne d'un reporter (Sue ira dans la rue puiser la matière, l'argot par exemple...) aux vues pré-socialistes mais romancée à l'extrême est un méga-carton et transcende l'appellation de littérature populaire car touchant toutes les couches de la société qu'il égratigne pourtant pas mal de bas en haut. Les plaidoyers visionnaires contre la prison ou l'expérimentation médicale sur les populations pauvres de la société dans le dernier volume enfoncent le clou, un nouveau siècle est déjà sur le point d'arriver.

 "Assainissez ces cloaques, répandez-y l'instruction, l'attrait du travail, d'équitables salaires, de justes récompenses, et aussitôt ces visages maladifs, ces âmes étiolées renaîtront au bien, qui est la santé, la vie de l'âme".

 

306 + 304 + 335 pages avec illustrations en noir et blanc

 

© GED Ω - 20/01 2012

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